Appelle-moi Stendhal by Guégand Gérard

Appelle-moi Stendhal by Guégand Gérard

Auteur:Guégand, Gérard [Guégand, Gérard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française
Éditeur: Chrissounet - TAZ
Publié: 2013-08-06T17:19:53+00:00


DEUXIÈME PARTIE

L’Adonis

et la belle gueule de dandy

« Vous qui êtes un fantôme qu’on ne chasse pas, quand donc m’apparaîtrez-vous ? »

Jules Gaulthier à Stendhal, octobre 1837

« Il ne m’a jamais aimé »

En ce 2 avril, le printemps est enfin là.

Au petit matin, dans le jardin du 19, rue Basse, la cuisinière d’un célibataire, répondant au nom de Breugnol, a cueilli les premières violettes.

« Dieu, que vous avez tardé, mes mignonnes ! »

Et à l’instant, il est près de 11 heures, Lingay s’apprête, selon un code établi par Breugnol (« trois coups, un temps, puis deux coups ») à tirer la chaîne de la clochette de cette maison de Passy dont il connaît depuis octobre 1840 les avantages : une double issue et un loyer modéré.

Je suis désarçonné.

J’avais espéré que le spectre suivrait à la trace le conseiller. J’en étais même persuadé quoique, à l’occasion de l’un de mes allers-retours au royaume des ombres, il me soit revenu aux oreilles qu’il avait disparu de Paris. Je n’y avais guère accordé de crédit.

Au temps pour moi, Stendhal brille par son absence.

S’en serait-il retourné en Italie, déçu plus que jamais par l’indifférence des Français ?

Je ne saurais l’affirmer.

Ce que je sais, et qui saute aux yeux, c’est que je vais me trouver dans l’obligation d’assurer la conduite de l’intrigue. Une responsabilité que j’accepte d’assez mauvais gré, tellement je me plaisais à être dirigé.

Ma seule satisfaction est de bien connaître les lieux.

Et pour cause, cela fait un bail que je viens ici.

Dans ma jeunesse, Béatrix de R., Emma B., Fermina M., Clélia C., Marguerite G., Odette de C. m’y ont accompagné mais, depuis que mon corps usé a été condamné par la Faculté à se défendre de toute émotion, je m’y promène en solitaire.

Nous sommes 19, rue Raynouard (la bourgeoisie du quartier s’est avisée en 1867 qu’habiter rue Basse nuisait à sa réputation), et M. de Breugnol n’est autre que Balzac.

Dans sa crainte d’être découvert par ses créanciers, l’écrivain endetté a emprunté, façon de dire, son patronyme à Louise Breugniol, la gouvernante, après avoir pris soin, coquetterie d’homme de lettres, de l’amputer de son i mal prononçable.

Stendhal n’y est jamais venu.

Lui et Balzac se voyaient à Paris. Sur la rive droite exclusivement, ces dernières années.

Quel idiot !

Il aurait été à la fête.

Le café est servi.

Il sent bon.

« J’ai un petit cadeau pour vous », dit Lingay en reposant sa tasse.

En même temps qu’il sort de sa poche une feuille de papier pliée en quatre, il laisse fuser un rire grinçant, le rire de l’homme qui se dispose à prendre l’avantage sur son vis-à-vis.

Dès que, du plat de la main, Lingay l’a étalée devant lui, Balzac comprend de quoi il s’agit.

« Comment l’avez-vous eue ? demande-t-il.

— Résignez-vous à ne pas le savoir. Vous avez vos méthodes, j’ai les miennes… Reconnaissez, cher ami, cher grand ami, qu’il valait mieux que ce soit moi qui trouve cette chose plutôt que le sieur Colomb. Dites encore, entre nous, vous pensiez le rembourser ?

— Oui.

— Vraiment ?

— Oui, mais



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