Épiée by Larème Debbah

Auteur:Larème Debbah [Debbah, Larème]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 2021-03-22T23:00:00+00:00

Chapitre 33

L’officier Moreau restait toujours plus tard que ses collègues sur son lieu de travail. Rien ni personne ne l’attendait chez elle, pas même un animal de compagnie. Assise derrière son bureau, le nez dans un dossier, elle n’arrivait pas à se concentrer. Dans l’après-midi, elle avait reçu la visite de Zoé. Très énervée, exaspérée, à cran. Celle-ci lui avait raconté l’altercation qu’elle avait eue la veille avec Camille chez Thomas. Romane l’avait écoutée d’une oreille distraite tout en pianotant sur son clavier d’ordinateur jusqu’à ce qu’elle perçoive la phrase :

— C’est quand même bizarre toutes ces tragédies qui entourent ma sœur depuis quelques mois. Le décès de Julien puis celui de mon père, l’incendie de son magasin… Vous ne trouvez pas ? Et maintenant, elle s’est amourachée d’un parfait inconnu qui semble avoir la mainmise sur elle. Elle paraît carrément sous son emprise !

Oui, elle aussi trouvait que cela faisait beaucoup de coïncidences, mais pas au point d’ouvrir une enquête. Il n’y avait toujours pas assez d’éléments pour le justifier. Et se fier à une intuition n’était pas acceptable au sein de la police. Il lui fallait des preuves, tout au moins des témoignages tangibles.

— Vous connaissez le nom de cet homme ? lui demanda Romane.

— J’ai juste l’adresse de sa maison en Normandie, à Lyons-la-Forêt. Sinon, je ne sais rien de lui.

— Comment est-il physiquement ?

— Beau gosse, très propre sur lui, un peu trop d’ailleurs. Le genre de mec qui cache quelque chose. Vous voyez ce que je veux dire ?

— Vous avez des preuves ?

— Non, rien.

— Sur quoi vous fondez-vous alors ?

— Je connais ma sœur, et jamais elle n’agirait de la sorte de son propre chef.

— Vous pensez qu’elle est séquestrée ? s’exclama Moreau.

— Non, pas vraiment.

— Soyez plus claire.

— Peut-être dépendante psychologiquement. Elle est très fragile en ce moment. Vous auriez dû la voir. Je ne l’ai même pas reconnue !

— Sans preuve, je ne peux rien faire.

— Vous ne pouvez pas me laisser ainsi. Je sais que vous avez aussi des doutes.

— Avoir des doutes ne va pas nous faire avancer. Sans preuve, pas d’enquête, avait-elle dit en se redressant, faisant ainsi comprendre à Zoé que l’entretien était clos.

Romane quitta les locaux de la police sans aucune envie de rentrer chez elle. Grande sportive, elle gardait toujours un sac de sport dans son coffre. Dix minutes plus tard, elle s’élançait sur un tapis de course à un bon rythme, de quoi vider son esprit beaucoup trop encombré. Elle travaillait sur plusieurs petits dossiers en même temps, mais la visite de Zoé l’avait embrouillée. Elle devait bien avouer que, dans cette affaire, certaines irrégularités, certaines imperfections, lui trottaient dans l’esprit depuis le début. Bien entendu, elle ne pouvait pas faire part de ses impressions à cette femme qui cherchait son aide. L’incendie avait été l’élément de trop, celui qui avait fait naître ses soupçons. Le hasard, trop peu pour elle. Avant toute autre chose, elle devait déterminer les zones d’ombre qui s’amplifiaient dans son esprit.

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