Anarchie et Christianisme by Jacques Ellul

Anarchie et Christianisme by Jacques Ellul

Auteur:Jacques Ellul
La langue: eng
Format: epub
Publié: 2016-06-03T15:17:42+00:00


II. - Jésus

C’est donc dans ce climat général que va naître Jésus. Et le premier événement qui nous est rapporté par l’Evangile de Matthieu n’est pas sans intérêt: Hérode le Grand est toujours au pouvoir, il apprend qu’un enfant vient de naître à Bethléhem dont les bruits qui courent annoncent qu’il serait le Messie d’Israël. Il com prend tout de suite les ennuis que cela risque de lui créer, alors, il donne l’ordre de tuer tous les enfants de moins de deux ans nés à Bethléhem et dans tout son territoire ! Que cette histoire soit exacte ou non n’a pas d’importance, ici. Ce qui est significatif, c’est qu’elle ait été racontée, qu’elle ait couru dans le peuple et qu’elle ait été recueillie par les premiers chrétiens (qui étaient des Juifs, ne l’oublions pas !) et insérée dans un texte qu’ils considéraient comme inspiré par Dieu. Ceci montre bien en quelle estime ils tenaient Hérode, et derrière lui, le pouvoir. Et voilà le premier contact que Jésus, tout petit, eut avec le pouvoir politique ! Je ne dis pas que cela ait influencé son attitude ultérieure envers le pouvoir politique, mais sans aucun doute, c’est une image qui s’est imposée dans son enfance.

Ce que je voudrais montrer ici dans une série d’histoires qui nous sont rapportées, c’est, non pas que Jésus a été un ennemi du pouvoir, mais qu’il l’a traité par le mépris et lui a refusé toute autorité. Le mettant en question radicalement, quel que fût ce pouvoir, sans employer de moyens violents pour le détruire: on a beaucoup parlé ces dernières années d’un «Jésus guérillero» et d’un Jésus dont le peuple attendait qu’il chasse les Romains. Je crois que les deux choses sont inexactes. Absolument rien ne vient confirmer les histoires, par exemple du P. Cardonnel, sur Jésus guérillero (Jésus chassant les marchands du Temple, Jésus disant à ses disciples quand ils lui présentent deux épées «c’est assez»... d’où Cardonnel conclut que les disciples devaient avoir un stock d’armes !). U n point au contraire montre l’impossibilité de cela: il avait parmi ses disciples à la fois des Zélotes (Simon, Judas), c’est-à-dire précisément des partisans de la violence et des collaborateurs des Romains (Mathieu), qu’il arrivait à faire vivre en bonne intelligence. Jamais il n’a préconisé la violence. Et si c’était vraiment un chef de bande, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était imbécile, parce que tous ses voyages, et en particulier le dernier à Jérusalem, n’ont aucun sens tactique et devaient finalement le conduire à se faire prendre ! Mais il y a une erreur qui est plus communément répandue: celle qui consiste à croire que la préoccupation essentielle de tous les Juifs était l’expulsion des envahisseurs romains. Sans aucun doute, il y avait la haine contre les goyims, la volonté de chasser les envahisseurs, le souvenir persistant des massacres commis par les Romains, mais ce n’était pas tout, loin de là: les patriotes juifs ne pouvaient pas oublier que les rois de Judée avaient été installés par les Romains et ne se maintenaient au pouvoir que par eux.



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