Histoires fausses by Collectif

Histoires fausses by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-03-05T00:24:24+00:00


Traduit par DOMINIQUE HAAS.

Man working.

SPECTACLE

DE MARIONNETTES

par Fredric Brown

Voici, à nouveau, des extra-terrestres parmi nous. Ceux-ci, cependant, peuvent être vus de tout le monde. L’horreur est reconnaissable comme telle dès le début de l’action. De là se développe ce qu’on pourrait appeler une histoire de premier contact à tiroirs.

L’HORREUR arriva à Cherrybell peu après midi, par une journée étouffante du mois d’août.

Il y a peut-être une redondance : tous les jours d’août sont étouffants, à Cherrybell (Arizona). Cher-i-ybell se trouve sur la nationale 89, à soixante-cinq kilomètres environ au sud de Tucson, et à une cinquantaine de kilomètres au nord de la frontière mexicaine. On a fait le tour de Cherrybell quand on a vu ses deux stations-service, une de chaque côté de la route afin d’appâter les voyageurs traversant dans l’un et l’autre sens ; son bazar-drugstore ; son débit de vins petite licence ; son trading-post enfin, qui a l’air de sortir d’un western et dont l’objet est de piéger les touristes qui n’ont pas la patience d’attendre d’être a la frontière pour se munir de huaraches et de serapes mexicains ; il faut aussi y ajouter un éventaire à hamburgers, déserté, et quelques bicoques en briques où vivent des Mexicano-Américains qui travaillent à Nogales, ville-frontière, et qui pour Dieu sait quelle raison ont choisi de se loger à Cherrybell et de faire le trajet tous les jours, certains dans des Ford modèle T.

Le panneau sur la route nationale indique « CHERRYBELL, Pop. 42 », mais c’est là une exagération : Pop est mort l’année dernière déjà – Pop Anders, qui tenait l’éventaire désormais désert ; le nombre exact des habitants est de 41.

L’horreur arriva à Cherrybell perchée sur un bourricot mené par un antique prospecteur, rat du désert sale et barbu de gris, qui devait par la suite préciser – sur le moment personne ne songea à lui demander son nom – qu’il s’appelait Dade Grant. L’horreur s’appelait Garth ; c’était un échalas de bien deux mètres soixante-quinze, mais tellement maigre et efflanqué que s’il pesait cinquante kilos, c’était bien le bout du monde. Le bourricot du père Dade le portait sans effort, bien que ses pieds, au bout des jambes interminables, traînassent dans le sable. On devait apprendre par la suite que ces pieds avaient ainsi traîné dans le sable tout au long du trajet, soit plus de huit kilomètres, sans avoir le moins du monde usé leurs chaussures – qui étaient d’ailleurs plutôt des cothurnes, lesquelles constituaient le seul vêtement de Garth, en plus de quelque chose qui pouvait passer pour un caleçon de bain, d’un bleu d’œuf de passereau. Mais ce qui rendait Garth horrible à regarder, ce n’étaient pas ses proportions ; c’était sa peau. Une peau d’un rouge cru. On eût dit qu’il avait été écorché vif, puis recouvert de sa propre peau, mais retournée, le côté à vif dehors. Son crâne et sa face étaient comme étirés, assortis au corps. En dehors de ces détails, tout ce qui était visible de lui avait l’air humain – ou à tout le moins humanoïde.



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