Alias Caracalla by Daniel Cordier

Alias Caracalla by Daniel Cordier

Auteur:Daniel Cordier [Cordier, Daniel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire, Guerre, A lire
ISBN: 9782070440450
Publié: 0100-12-31T23:00:00+00:00


Après avoir achevé mon travail, je rejoins Cheveigné à déjeuner chez notre chère Colette. Chacune de nos rencontres — désormais officielles — m’est une parenthèse à la fatigue d’une journée.

Il arrive en dansant. Son exubérance m’attriste, le jour même où je dois lui annoncer l’arrestation de Gérard Brault et l’arrêt de toutes les émissions. « Je les ai eus », me dit-il mystérieusement. Préoccupé, ce mot n’éveille pas ma curiosité, d’autant qu’il ne fait aucun commentaire. Durant le déjeuner, il me semble sous pression.

Nous attendons de nous retrouver dans la rue pour parler du service. Depuis quelques jours, la patronne est transformée : un homme partage sa vie. Durant le repas, elle et lui, qui viennent visiblement d’abandonner leur lit à regret, s’embrassent et se caressent avec tant d’ardeur qu’ils nous transforment en voyeurs. Son jeune amant affecte l’air avantageux d’un homme dont l’emprise est absolue sur sa conquête. Réfugié du Nord depuis l’armistice, il doit avoir une trentaine d’années. Colette nous apprend qu’il est inspecteur de police. Elle peut donc se livrer en toute impunité au marché noir et nous servir à gogo des steaks ou des pâtisseries, qui, en ces temps de pénurie, sont non seulement hors de prix, mais hors la loi.

Du coup, nous sommes nous aussi protégés des vérificateurs du marché noir, toujours dangereux : la police qui les accompagne embarque généralement tous les clients. Yvon Morandat vient d’en être la victime. Nous estimons que notre allure d’étudiants décontractés est notre meilleure protection. Nous sommes conscients néanmoins que nous devons redoubler de prudence. Le repas me semble interminable tant j’ai hâte de connaître les raisons de son exubérance.

Dès que nous sommes dehors, marchant le long des quais, Cheveigné se confie : « Hier, après dîner, j’ai eu une vacation trop longue, à cause du nombre de télégrammes en retard de Bidault. Je travaillais la fenêtre ouverte. Tout à coup, j’entends des voitures qui s’arrêtent devant l’immeuble : portières qui claquent, piétinement de chaussures à clous, cris rauques en allemand. Je me penche et aperçois des voitures avec des policiers qui en sortent comme des fous. Je débranche le poste, replie l’antenne et place le tout au-dessus de mon armoire. Je me déshabille et m’étends à poil sur mon lit en m’absorbant dans un roman policier. À peine suis-je allongé qu’on frappe furieusement à la porte. Je me lève et ouvre dans cette tenue. Bousculé par deux hommes qui font irruption dans la pièce en criant “police”, je m’étends sur le lit avec mon livre tandis qu’ils se penchent à la fenêtre. Me prend une idée folle : je bande et commence à me branler ! Si tu avais vu les Schleus ! Ils n’osaient pas me regarder, gênés comme des filles devant un garçon tout nu prenant son plaisir. Marrant, non ? »

Il me regarde intensément, heureux de ma stupeur : « Après avoir soulevé mes livres sur la table, ouvert l’armoire et examiné la cheminée, ils sont sortis au moment précis où j’ai aperçu un



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.