Échine by Philippe Djian

Échine by Philippe Djian

Auteur:Philippe Djian [Djian, Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-01-16T15:30:02+00:00


Je fus littéralement couvert de compliments et loué pour mon initiative à l’unanimité moins une voix, celle d’Harold qui trouva le moyen de critiquer je ne sais quel petit détail, ce pauvre pinailleur d’Harold. Autant dire que tout le monde trouvait ça parfait. Au point que nos soirées en compagnie des Bartholomi, et eu égard aux motifs que nous avions de nous plaindre Hermann et moi, se déroulèrent sans le moindre incident et presque en furent auréolées, presque en devinrent plaisantes.

Le jour venu, je me sentis cependant satisfait qu’à nouveau leur chaudière fût en état de fonctionner, car fragile était l’équilibre, étroit le chemin sur lequel nous avancions et par conséquent dangereux, tout scintillant qu’il nous apparût. Pour ma part, j’avais craint que Sarah ne nous faussât compagnie une seconde fois. Fort heureusement, je passai au travers. « Mais pour combien de temps… ?! n’avais-je cessé de me répéter. Sera-ce pour demain soir ou pour après-demain… ?! », ce qui n’était pas éternellement vivable.

Ensuite, les fêtes arrivèrent au grand galop, et de neige il n’y en eut point. En revanche, la température dégringola sauvagement. Chaque fois que nous prenions la moto, je repensais à la petite Fiat 500 de mes rêves et des larmes de tendresse gelaient au coin de mes yeux.

On se le disait tous les deux qu’une petite bagnole eût été formidable, on le répétait à qui voulait bien l’entendre.

Hermann était au courant de nos ennuis d’argent, mais c’était le cadet de ses soucis. Lorsqu’il faisait mine de s’y intéresser, je savais très bien que c’était uniquement pour moi, simplement parce qu’il me voyait ennuyé à l’occasion, et lors il me parlait doucement, il était persuadé que ça allait s’arranger. C’était peu dire que je m’en voulais de l’emmerder avec ça. Je n’avais pas l’impression d’œuvrer pour l’épanouissement de son âme quand par malheur nous abordions ce méprisable sujet. Je pensais à tout ce qu’il avait encore à découvrir, toutes les beautés insensées de ce monde, tous les grands secrets, et moi son père, dans quel cloaque je l’entraînais avec mes histoires sordides, de quelle grossière nourriture le pourvoyais-je ! Il avait beau ne m’écouter que d’une oreille, je trouvais que c’était quand même de trop et parfois je me retenais pour ne pas lui grogner : « Hermann… Je ne veux pas que tu t’occupes de ça, tu m’entends… ?! »

Il était d’assez bonne humeur en raison d’un détail que je n’avais pas remarqué lors de la dernière soirée que nous avions passée avec les Bartholomi. Paraissait-il qu’elle avait fait équipe avec lui au cours d’une partie de cartes.

— Et tiens-toi bien…, c’est elle qui l’a demandé !

Je convenais avec lui que la chose était d’importance et je me réjouissais qu’enfin nous retrouvions un peu d’espoir de ce côté-là.

— J’ai toujours dit qu’elle finirait par te pardonner. Enfin, je sais que parfois tu as dû trouver le temps long…

— Non…, ça ne fait rien. Je ne lui en veux pas du tout. Bon sang, je n’y pense déjà plus.



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