À train perdu by Jocelyne Saucier

À train perdu by Jocelyne Saucier

Auteur:Jocelyne Saucier [Saucier, Jocelyne]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2020-08-24T15:02:20+00:00


Car la cavale n’est pas terminée. Il y a encore beaucoup à consigner, à élucider. La disparition de Gladys sur les trains du Nord est minée de partout. J’en suis au jour six de l’errance de Gladys et à ce stade du récit il n’y a eu que des réponses bancales à des questions qui en font surgir d’autres.

En ce jour six, Janelle et Gladys ont pris place dans le Toronto-Montréal. Elles ont cinq heures devant elles. Elles sont épuisées. Janelle n’a presque pas dormi depuis son départ de White River. Elle a installé Gladys avec oreiller et couverture près de la fenêtre et baissé le store en espérant que le nid douillet fera son œuvre et qu’elle pourra dormir à son tour.

Un homme est passé dans l’allée avec un chariot snack-bar. Janelle a pris un café et Gladys un jus d’orange qu’elle a enfilé avec une poignée de comprimés. Flopée de questions chez Janelle, aucune explication de la part de Gladys.

Gladys allait sombrer dans le sommeil. Janelle a observé avec soulagement la tête profondément encaissée dans le moelleux de l’oreiller, les paupières tombantes, mais avant le relâchement de tout le corps, Gladys a eu un sursaut d’énergie et elle lui a demandé d’une voix sans défaillance, presque avec autorité : « Tu vas l’appeler ? Promets-moi que tu vas l’appeler. »

Janelle a promis et Gladys s’est laissée choir dans un sommeil profond. Elle n’a pas bougé d’un cil pendant les heures restantes.

La voiture était calme et feutrée. Janelle était à l’écoute du ronflement de Gladys et essayait de se persuader d’effectuer cet appel. Les gens autour étaient occupés à leur ordinateur, leur tablette, leur cellulaire, des gens qui font régulièrement la navette Toronto-Montréal, un environnement anonyme qu’elle connaissait pour avoir souvent fait le voyage de White River à Montréal et qui la reposait de la convivialité des trains du Nord où il faut répondre à des regards, des sourires, des invites pas toujours souhaitées.

Janelle se demandait quoi dire à cette femme en délire qui attendait probablement des paroles apaisantes, des paroles d’encouragement ou peut-être pas, peut-être n’espérait-elle rien, peut-être voulait-elle simplement une personne au bout du fil qui accepterait de la suivre dans ses élucubrations et ce n’était pas pour la convaincre d’effectuer cet appel. Elle préférait penser à Marie-Luce, sa sœur, qui serait à la gare de Montréal. Marie-Luce saurait quoi faire, elle a toujours su. Elle pensait à l’appartement de Marie-Luce. Ce n’était pas le grand luxe mais Janelle s’y était toujours sentie chez elle. Gladys pourrait prendre un temps de repos dans la chambre qui était la sienne depuis des années. Il faudrait dégager un peu. Un vrai foutoir que c’était. Gladys ne pouvait pas dormir dans cet encombrement de boîtes et de sacs-poubelles. Elle dormirait, quant à elle, avec Marie-Luce. Pour la suite, ce qu’il faudrait faire de Gladys, elle verrait avec Marie-Luce. Et plus loin encore, l’emploi de serveuse et l’amoureux.com qui l’attendaient à Clova, elle ne voulait pas y penser, ils attendraient. Et



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