À Fleur de Bruine (French Edition) by Amélie De Lima

Auteur:Amélie De Lima [De Lima, Amélie]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2018-09-30T22:00:00+00:00

– 17 –

— C’est à cette heure-ci que tu rentres ? gueula-t-il sans même se retourner.

— J’ai beaucoup de boulot, tu le sais, Fabrice…

— Encore cette enquête ? Vous n’avancez pas d’un poil, dit-il d’un air dédaigneux. C’est à se demander si vous retrouverez le coupable un jour…

— Pourquoi es-tu si…

— Si quoi ? se décida-t-il à lui demander en se retournant vers elle.

— Si désobligeant… répondit-elle en se mordant la lèvre.

— Désobligeant ? Ah ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Ben voyons, on aura tout entendu dans cette baraque. Je préfère regarder la télé plutôt que d’écouter tes conneries. Je t’ai assez entendue.

Bettina se tut. Elle ne répondit pas aux provocations de son mari, elle y était malheureusement trop habituée. Au début, elle essayait tant bien que mal de se défendre, de s’opposer à son mauvais caractère, à ses injures même, mais à quoi bon ? Elle savait qu’il ne changerait pas et que sa vie serait un enfer, le restant de ses jours. Elle l’avait bien mérité après tout. Elle n’avait que ce qui lui correspondait, une vie misérable en compagnie d’un homme qui ne pouvait même plus la regarder dans les yeux.

— Je vais préparer à manger, enchaîna-t-elle.

— Fais quelque chose de comestible cette fois, ça serait gentil de ta part.

— J’y tâcherai.

Après un plat de pâtes à la bolognaise, avalé dans un silence sépulcral, le couple s’installa devant la télé, sans un regard, sans un mot.

Un silence complet. Un silence dérangeant qui donnait envie de prendre la fuite, de partir loin de tout ça. C’est ce à quoi songeait Bettina depuis deux ans déjà, mais elle était incapable de sauter le pas. Incapable de laisser derrière elle la cicatrice de sa culpabilité.

Non, ce serait trop facile et pas courageux du tout. Elle ne pouvait pas briser les chaînes qui la reliaient à son mari. Elle devait rester et tout supporter, coûte que coûte.

***

Vers 23 heures, après avoir aidé son mari à se déshabiller et à se mettre au lit, elle s’isola dans la salle de bains, où elle resta de longues minutes à se regarder dans le miroir.

Elle ne voyait plus qu’une femme aigrie, que la tristesse avait rongée au fil des années. Elle regarda ses traits tirés, ses paupières gonflées. Pourtant, elle ne pleurait plus, depuis bien longtemps. Plus rien ne sortait, c’est comme si elle était vide à l’intérieur, comme si elle était devenue un automate. Son cœur semblait étriqué dans ce corps généreux qui, autrefois, avait donné la vie.

Alors qu’elle se déshabillait afin de rejoindre son mari dans le lit conjugal, elle s’arrêta quelques instants sur le reflet de son dos dans le miroir entrouvert. Elle aperçut alors son tatouage, celui qu’elle s’était fait depuis près de deux ans et se mit à le scruter de près.

Une phrase écrite dans une typographie old school, « Kiss kiss bang bang », accompagnée d’un vieux pistolet, comme ceux que portaient les danseuses de cancan dans leurs jarretières. Son tatouage, c’était sa

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