A Corps Perdu T2 Le Clan Ishihara by Marlène Jedynak

Auteur:Marlène Jedynak
La langue: fra
Format: epub

Le dojo résonnait des coups violemment portés par les étudiants spéciaux qui venaient s’entraîner dans l’arrière-cour du clan Ishihara. Rin grimaça en songeant qu’elle allait revoir certaines personnes qu’elle aurait préférées ne pas revoir au moins avant des lustres. Pourtant, elle avait promis à son père de venir saluer Oda Tetsuya et son inévitable cours.

La jeune femme entra dans la pièce principale et s’immobilisa. À l’intérieur, une quinzaine de kenshi se livrait à des combats à deux katanas et non des shinai habituellement utilisés dans ce genre d’exercice. Son père menait les cours avec fermeté. Rin remarqua soudain le visage du patriarche du clan Oda qui s’était déplacé pour la voir, bien qu’en fait, elle songea qu’elle était une excuse pour observer les progrès des membres du groupe Oda. Le vieux bougre ne relâchait jamais sa vigilance.

Et dire que c’était son clan qui devait assurer la protection du clan Oda, le former aux techniques de combats et rester dans l’ombre de ce dernier pour pouvoir prendre la relève si… si cette foutaise de prédiction se réalisait ! Lorsqu’elle y songeait, cela la mettait immanquablement en rogne…

Rin rencontra le regard bleu de Tetsuya. L’homme d’une soixantaine d’années était plutôt bien conservé et ses cheveux blonds ne laissaient voir aucun cheveu blanc. La jeune femme avança, tout en se méfiant de l’air incroyablement amical qu’arborait le Chef de clan habillé en tenue traditionnelle japonaise. Rin s’arrêta devant l’homme et s’inclina respectueusement.

— Rin, comme tu as grandi depuis la dernière fois où je t’ai vu…

— Cela fait trois mois Oda-sama.

— Ah oui ?

— Vous ne faisiez pas attention à moi à l’époque…

Rin leva la tête et planta son regard dans les yeux bleus de ce type. Loin d’être offusqué, Tetsuya afficha un sourire amusé.

— J’en suis sincèrement désolé. J’aurais dû faire plus attention.

— Vous ne vous intéressez aux gens que lorsqu’ils vous sont utiles. Ce n’est pas votre faute, c’est votre position qui veut cela. Je suppose que vous vouliez me voir concernant ma grossesse ?

— Ohh… tu n’as pas ta langue dans ta poche. Ienobo n’a pas été assez sévère avec toi, je lui ferai part de mes remarques à la fin de notre conversation.

Rin se raidit. Son regard se fit dur. Peut-être aurait-elle dû effectivement se taire, mais s’embarrasser d’une conversation somme toute inutile n’était pas pour lui plaire. Elle était inexplicablement fatiguée à longueur de temps, avec cette impression d’avoir un poids sur les épaules, alors les discussions de salons, elle souhaitait les abréger.

— Mon père n’a pas besoin de remontrances. Si vous souhaitez désapprouver ma conduite, vous pouvez vous adresser directement à moi. Je suis seule responsable de mes actes !

— Comme tu assumes ta grossesse ?

— Oui, Oda-sama.

Ce dernier éclata de rire et fit un geste pour inviter Rin à l’accompagner. La jeune femme le suivit sans hésiter, légèrement en arrière à une distance respectueuse. Deux hommes les suivaient sans rien dire. Rin croisa le regard de son père un bref instant. Elle lui adressa un sourire apaisant, enfin elle l’espérait.

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