63 La cité des Femmes-Clones by Jeffrey Lord

Auteur:Jeffrey Lord [Lord, Jeffrey]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE XII

Il n'est être d'exception, qui ne sache, mieux que les autres, lire dans les regards et déchiffrer les propos non prononcés. Richard Blade était un être d'exception. Il savait reconnaître le vrai du faux dans une attitude, et ses diverses aventures dans le milieu interdimensionnel lui avaient appris à réagir en fonction de ces critères. Cette fois encore, il eut le bon réflexe.

Il sourit.

— Ne sois pas stupide, Arkala, reprocha- t-il doucement. On ne tue pas celui qu'on dit vouloir garder près de soi.

La jeune Tchégase marqua un léger flottement et, dans ses gros yeux candides, les éclairs de colère s'estompèrent légèrement. Le regard de Blade était vraiment trop tendre. Avec un brin d'ironie au fond. Ce fut pourtant d'un ton farouche qu'elle protesta :

— C'est moi qui t'ai trouvé, Richard Blade. J'ai le droit de te garder.

— Arkala ! gronda doucement Blade en écartant délibérément la lourde lame de sa poitrine. Arkala ! Ce sont des enfantillages. On ne dispose pas des êtres comme des objets ! Chacun doit conserver sa liberté. Comment voudrais-tu que je t'aime, si tu me forces à le faire ?

La Tchégase battit de ses paupières sans cils et sembla se perdre dans un songe intérieur. Puis, tristement, elle lâcha son glaive et déclara :

— Je le sais. Et je le regrette. J'aurais dû mieux coller ces écailles de nacras sur tes yeux. Ainsi, précisa-t-elle naïvement, tu n'aurais pu me quitter. Au lieu de cela, tu vas aller te faire prendre par les miliciennes de la Cité des Sables, et notre Grande Prêtresse Vallah t'enverra à la Transformation Régénératrice. Mais, bien sûr, tu ne peux savoir ce que cela signifie.

— Si.

Elle leva ses gros yeux embués de larmes et s'étonna :

— Tu... tu sais?

— Je te l'ai dit, durant mon voyage vers votre monde, j'ai beaucoup appris sur vous tous. Je suis venu pour accomplir une mission bien précise. Et je dois l'accomplir.

Il marqua un silence, avant de préciser :

— Avec la bénédiction de Vallah ou non. Arkala haussa ses puissantes épaules, eut un petit sourire de dérision.

— Sans son accord, tu ne pourras rien, Richard Blade. Et tu mourras. Ne serait-ce que pour t'empêcher de jeter le trouble parmi nous toutes.

— Mais, je l'ai dit, je veux aider les Vierges de la...

— C'est vrai, coupa Arkala. Tu l'as dit. Mais personne ne croira tes paroles.

— Pourquoi?

Petit temps de silence, puis :

— Parce que tu es un mâle.

— Je vois, soupira Blade. La rancune. D'incompréhension, Arkala fronça ses paupières nues. Blade lui expliqua la nature de ce sentiment et elle finit par hocher la tête, étonnée.

— Saurais-tu lire à distance dans l'esprit d'autrui, Richard Blade ?

Il sourit.

— Bien sûr que non. Simplement, à la lumière de tes révélations, je commence à mieux comprendre les sentiments de votre Grande Prêtresse. Depuis la fuite des Anciens Mâles sohks, elle hait tous les mâles. Et elle craint d'exposer de nouveau vos Vierges de la Terre de Lumière aux désordres de l'âme et aux chagrins. Mais je ne suis pas un Sohk, moi ! Je lui dirai que.

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