4 - Tel un joyau caché by Soida

4 - Tel un joyau caché by Soida

Auteur:Soida [Soida]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Le toit de la demeure que mon oncle Paul avait baptisée

Bois Cyprès se dressait au-dessus de sycomores et de

cyprès, de plus en plus hauts à mesure que nous

remontions la grande allée. Le parc autrefois si beau n'était

plus que broussailles. La mauvaise herbe avait étouffé les

fleurs des parterres ; elle poussait à travers le plancher des

pavillons de repos, et des détritus jonchaient les bassins

asséchés des fontaines.

Sur la droite, du côté des marais et des canaux, une pirogue

amarrée à la jetée s'inclinait en s'enfonçant dans l'eau. Une

grande aigrette s'était perchée à la proue, bombant

fièrement le jabot, comme pour revendiquer ses droits sur

le bateau. Vers l'ouest j'aperçus les puits et les derricks, et

aussitôt des visions fugitives de mon rêve récurrent

s'imposèrent à ma mémoire. Pour moi, ce fut comme un

mauvais présage. Rapidement, je me penchai pour toucher

la pièce porte-bonheur que m'avait donnée maman.

— Tout va bien, Perle ? s'enquit papa, qui savait que les

puits faisaient toujours partie de mon cauchemar.

— Oui, répondis-je après avoir inhalé une grande bouffée

d'air.

Et je me retournai vers la maison. On aurait dit un temple

grec. Le long de la galerie supérieure courait une balustrade

en fer forgé, à motifs en pointe de diamant. Des deux côtés

du corps principal, deux ailes dont le style rappelait celui de

la façade conféraient un bel équilibre à l'ensemble.

Papa se gara devant le perron et nous restâmes quelques

instants assis dans la voiture, contemplant la galerie basse à

laquelle menaient quelques marches d'ardoises. On avait

cloué des planches aux fenêtres. La vigne vierge qui

grimpait aux montants de ferronnerie était retournée à

l'état sauvage et proliférait, faisant s'écrouler sous son poids

les branches les plus faibles. De grands pans de feuillage et

de bois mort drapaient les grilles ouvragées de sombres

tentures brunes.

— On dirait que personne n'est venu là depuis des siècles,

soupira papa, découragé.

Nous sortîmes de la voiture, gravîmes les quelques marches

et, passé les hauts piliers de pierre, papa tenta d'ouvrir la

porte. Elle n'était pas fermée à clé, mais barrée par une

chaîne, et il dut pousser brutalement pour forcer l'entrée.

Nous fîmes halte dans le vestibule dallé de carreaux

d'Espagne. Il avait été conçu pour provoquer l'admiration

des visiteurs, c'était manifeste. Car il était non seulement

très vaste, mais si haut de plafond que nos pas et nos voix y

éveillaient des échos.

Au-dessus de nos têtes pendaient des lustres jadis

étincelants, dont les larmes de cristal ressemblaient

maintenant à de ternes petits cailloux. Des housses

recouvraient les meubles, mais on n'avait pas fait le ménage

depuis des années. D'immenses toiles d'araignées flottaient

dans les encoignures, les miroirs étaient barbouillés de

poussière et le sol parsemé de crottes de souris. Et par cet

après-midi brûlant, l'odeur de moisi et de renfermé qui

stagnait dans la maison vous prenait à la gorge.

Devant nous se dressait l'escalier circulaire, deux fois plus

large et plus ouvragé que celui de la Maison Dumas.

Nous nous avançâmes lentement dans le hall, jetant dans

chaque pièce un coup d'œil au passage. Toutes étaient

spacieuses, mais leurs tentures semblaient s'effondrer sous

le poids de l'âge et de la saleté.

— J'avais oublié que c'était si grand, chuchota papa. Il n'y a

personne ? appela-t-il, beaucoup plus fort cette fois.

Sa voix se répercuta



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