24 by Jean-Michel Lecocq

24 by Jean-Michel Lecocq

Auteur:Jean-Michel Lecocq [Lecocq, Jean-Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
ISBN: 9782296970007
Éditeur: Editions L'Harmattan
Publié: 2012-04-01T22:00:00+00:00


Paris, le mardi 26 août 1572, l’après-midi

A l’image de la fièvre qui avait embrasé Paris trois jours durant, la chaleur était retombée d’un cran. Pour autant, si la canicule ne sévissait plus avec la même force, l’atmosphère était devenue lourde et l’orage menaçait. La capitale était semblable à une ruche où chacun s’activait à redonner aux rues l’aspect paisible que Vincenzo avait découvert à son arrivée. La tâche était rude. Les cadavres s’entassaient aux carrefours, attendant les chariots qui devaient les emmener hors des murs, vers les faubourgs où des fosses avaient été creusées. Des femmes éplorées, des hommes hagards, traînant parfois derrière eux une progéniture dépenaillée, cherchaient dans les monceaux de dépouilles l’un des leurs disparu depuis la veille ou l’avant-veille. Les visages, rendus la plupart du temps méconnaissables, ne permettaient plus d’identifier un parent, un enfant ou un ami. Il était impossible de se fier à un objet, à un bijou, tous les cadavres ayant été dépouillés. On s’en remettait aux vêtements souillés de sang et de poussière quand ils n’avaient pas été totalement déchirés.

— Vous reviendrez quand on les montera dans la charrette, s’égosillait un sergent, en écartant de son arquebuse une femme en pleurs qui tentait de retourner les dépouilles, pour retrouver celle de son mari. Tandis qu’il parvenait à la repousser, une autre prenait la relève.

Caulaincourt avait obtenu le renfort d’une trentaine d’arquebusiers cantonnés au Petit-Châtelet. Le lieutenant qui commandait la garnison avait manifesté sa grogne de voir dévoyer une bonne partie de son effectif pour une mission dont il ne percevait clairement ni le but, ni l’intérêt. Il s’était finalement incliné devant le sceau royal apposé au bas de la missive brandie par Caulaincourt. A cette troupe, s’étaient ajoutés quelques-uns des agents à la solde de l’écuyer de la reine, vêtus en civils, immergés dans la population et dont il avait fait des espions efficaces. Certains avaient été recrutés chez les Argotiers. Souvent anciens mercenaires, touchés par l’âge mais aguerris, sachant se battre et forts d’une longue expérience, ils constituaient une redoutable armée de l’ombre sur laquelle Caulaincourt et, à travers lui, la reine, savaient pouvoir compter. Le fidèle écuyer avait distribué sa troupe en quatre groupes. Chacun était chargé de ratisser l’un des quatre grands quartiers de la ville, avec pour cibles prioritaires les églises mais sans pour autant négliger leurs alentours, sachant que, dans la pagaille générale, des corps pouvaient avoir été déplacés. Chaque membre de la troupe portait un brassard aux armes du roi, lui conférant une autorité totale sur les militaires occupés à déblayer les rues.

Le groupe dont Vincenzo avait choisi de faire partie, s’était chargé de ratisser les paroisses situées sur la rive gauche, à l’ouest de la Grande rue Saint-Jacques. Sur le chemin qui les avaient conduits au-delà de la Seine, le Florentin avait eu tout le loisir d’observer cette troupe disparate, composée d’hommes que tout séparait. Les soldats étaient harassés. Ces trois journées passées à chasser le Calviniste avaient meurtri les âmes autant que les corps. Tous



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