130 - Les ravisseurs de Ktan by Jimmy Guieu

Auteur:Jimmy Guieu [Jimmy Guieu]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-09-04T15:22:07+00:00

« Décidément, pensa-t-il, faudra que je pense à me faire soigner... »

Ils longèrent un hall glacé où des groupes de soldats devisaient calmement. Sur la droite, s'étalait toute une rangée de guichets. Une file unique conduisait à chacun d'entre eux. Les personnes qui attendaient arboraient tous ce visage tranquille, un peu hors du monde, qui avait tant intrigué Blade et dont il pensait avoir deviné l'origine, à présent.

La troupe grimpa un large escalier qui conduisait au premier étage. Là, ils empruntèrent un nouveau couloir, puis un autre encore avant de se retrouver devant une porte blindée. Un des gardes cogna contre le battant qui s'ouvrit aussitôt devant eux.

Délaissés par les cerbères qui rejoignirent leurs confrères, disséminés un peu partout à chaque étage, les trois hommes furent accueillis par deux nouveaux venus. Avec leur grand tablier blanc, leurs gants et leurs bottes souples, ils ressemblaient à des caricatures de techniciens de laboratoire. Leurs yeux étaient protégés par une visière légèrement teintée. C'est cet accoutrement que Blade, Baker et Zeb-Vhol durent endosser pour pouvoir entrer dans une nouvelle salle, via une volée de marches et un bref passage sous un laser de reconnaissance.

Ils se trouvaient maintenant dans une pièce qui faisait au moins cent mètres carrés. Elle était haute de plafond et comportait, sur tous les murs, des milliers d'écrans de téléviséors au-dessous desquels s'étendait une rangée de pupitres où travaillait une centaine de « techniciens ». En s'approchant, les trois hommes découvrirent que chaque écran dévoilait, qui une scène d'intérieur où un couple était en pleine scène de ménage, qui une portion de rue dans laquelle les passants allaient et venaient, qui un discours politique où Fralhag, le Contrôleur de la Qualité de la Vie, s'adressait à un parterre de fleuristes qui l'écoutait religieusement...

Chaque écran était ainsi occupé par des scènes appartenant à la vie d'un habitant de la capitale, ou peu s'en fallait. Les caméras miniaturisées devaient pulluler dans la ville. Les scientifiques qui pianotaient soit directement sur les écrans, soit sur les consoles, permutaient les plans, rectifiaient des couleurs ou trituraient le son. Accaparés par leur travail, aucun d'eux ne tourna la tête en direction des trois arrivants. Seul un homme les remarqua et s'approcha vivement. Quand il fut tout près, Blade, Baker et Zeb-Vhol reconnurent maître Drehkelzo, le responsable du Département de l'Œil.

L'homme portait la même tenue que toutes les personnes présentes dans la pièce, mais son corps émacié flottait à l'intérieur. En dépit des lunettes de protection, l'étrange noirceur de son regard vous vrillait sur place.

— Ze vous salue, amis terriens, commença-t-il, d'une voix mielleuse. La visite de notre capitale vous a-t-elle plu ?

— Tout à fait, maître, répondit Baker, estimant sûrement qu'il fallait jouer le jeu de la soumission s'ils voulaient obtenir quelques renseignements concernant l’Erikstar.

L'homme fit un geste vague dans l'espace.

— Appelez-moi simplement monsieur le Contrôleur, dit-il.

— Qu'est-ce qui m'a foutu une chochotte pareille ! grommela Zeb-Vhol. Je ne sais pas ce qui me retient de...

Ronny Blade lui donna un coup de coude qui le fit ravaler aussitôt ses commentaires.

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