116 - Des gonzesses comme s’il en pleuvait by Dard Frédéric

116 - Des gonzesses comme s’il en pleuvait by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio, San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265091931
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1984-02-07T23:00:00+00:00


Et c’est le lendemain matin que tout se déclenche. C’était pourtant exquis. On s’était fait grimper un délicat souper que nous avions dégusté entièrement nus, elle et moi. T’as jamais pris un repas à poil avec une fille, devant une table sophistiquée chargée de belle vaisselle, de bons flacons, d’argenterie opulente ?

T’es là, balloches au vent, à lui servir gravement les œufs aux truffes sans quitter des yeux ses deux admirables mamelons. Temps à autre, tu te penches par-dessus les ris de veau pour baisotter sa bouche en cerise ; c’est féerique. Ou bien tu te lèves pour aller derrière sa chaise pétrir son juteux fessier entre les barreaux. Braouou ! J’en frissonne de remémorance.

Or, donc, nous prîmes un souper aux chandelles. Puis nous fîmes ce que le commun des mortels appelle sottement l’amour, comme si on faisait l’amour ! Tas de cons ! L’amour, on l’accueille, on ne le fait pas. On le soigne, car ça fait mal. Du reste, ne dit-on pas que l’on « tombe » amoureux ? Tomber, ça contusionne.

Et puis, après que je me sois essoré à fond les génitoires, nous nous sommes engloutis, elle et moi, dans un sommeil tellement dense, profond, total, qu’il devenait le cousin issu de germain de l’anéantissement.

Le chant d’un canari nous réveille. Il est midi. En fait, ce n’est pas un canari qui gazouille mais une poulie sur un chantier voisin.

La petite pionce toujours dans une très belle attitude. A plat ventre, une jambe repliée, un bras allongé. On dirait qu’elle escalade une paroi à pic et cherche des points d’accrochage. Sa frimousse est tout juste visible. Adorable. L’innocence, la confiance. Elle est repue d’amour.

Je me demande si Félicie serait bottée par cette nana ? Sûr certain qu’elle ne me ferait aucune réflexion, m’man, mais elle a en elle, et malgré elle, ce vieux fond de racisme qui pousse les mères de chez nous à redouter des conjoints étrangers pour leurs enfants. Et puis son béguin va à Marie-Marie. Elle attend toujours que je plonge une bonne fois et que j’embarque la Musaraigne à l’autel, via la mairie. Marie-Marie idem attend ça. Comme ça ne vient pas, elle escalade les degrés du savoir pour passer le temps. Je ne sais plus où elle en est de ses examens, la môme. Docteur en quelque chose et ça continue. Si je la laisse mijoter encore dix piges, elle deviendra ministre de l’Instruction publique pour peu que la gauche prenne ses aises, car elle est socialo une fois pour toutes.

Par instants, un élan me saisit pour décrocher mon tubophone et l’époustoufler d’une seule réplique, genre : « T’aurais pas un samedi de libre qu’on se marie ? »

Et puis je me retiens. Le goût exquis de la liberté.

Après le plongeon, il sera coinçaga, le beau commissaire à ses grosses deux. Maintenant qu’elle est femme savante, Marie-Marie, je ne lui trouve plus le même agrément. On a de moins en moins de choses à se dire. C’est un peu tristet, l’existence, franchement. Il y flotte toujours des écharpes de mélancolie.



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