054 - Le coup du père François by Dard Frédéric

054 - Le coup du père François by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265075832
Google: pLyROwAACAAJ
Amazon: 2265075833
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1963-06-30T22:00:00+00:00


CHAPITRE XI

La pèlerine d’agent, c’est comme les couteaux suisses : ça possède des usages multiples. Celle de l’agent cané me sert à combattre ma presque nudité et celle de son collègue à masquer le corps disloqué du tueur.

Je ressemble à un roi mage, faut reconnaître. Enquêter en slip et en pèlerine noire dans une rue populeuse de Paris, c’est un exploit que je croyais vivre qu’en rêve, si je puis dire. Les badauds sont plutôt ahuris. Il y a un touriste amerlock qui me photographie sur toutes les coutures. J’explore les poches du buteur buté : elles sont vides. Pas un papier, pas la moindre carte de pêche, pas le plus petit ticket de métro : un peu de fric et c’est tout. Je contemple le visage du défunt – ce qu’il en reste – et je constate qu’il s’agit d’un ouistiti d’une trentaine d’années, grêlé comme un mois de mars. Inutile de perdre mon temps, l’identité s’occupera de sa pomme. Je regagne le gîte de Yapaksa. La pauvrette est morte de frousse. D’un doigt mélancolique elle caresse les trous de balle agrémentant le mur. L’un des projectiles a pulvérisé un petit Sèvres qu’elle avait acheté à Babylone et un autre a perforé son soutien-gorge posé sur le dossier d’une chaise.

— Dites, poulette, il y a de la distraction dans votre quartier, lancé-je en plaisantant.

Elle me demande la suite des événements et je la lui résume.

— Pourquoi m’a-t-on tiré dessus ? balbutie-t-elle. Qu’est-ce que j’ai fait ?

Elle emploie le même langage que le bon Pinaud, cette nuit. Tous les innocents ont de ces protestations lorsque le sort est trop injuste.

— Il faut voir, évasivé-je sans me mouiller.

Notez que j’ai ma petite idée là-dessus. Assez vague, j’en conviens, mais intéressante tout de même.

— C’est quelqu’un qui vous aura suivi, n’est-ce pas ? insiste-t-elle afin de se rassurer.

Je branle le chef.

— Non, mon cœur, pardonnez ma franchise, mais c’est bien vous qui êtes en question. Si on m’avait suivi, le tueur n’aurait pas eu le culot de se prétendre de la police, sachant qu’un authentique commissaire se trouvait chez vous.

Je lui vaseline mon regard irrésistible numéro 14 bis, celui qui a fait frissonner l’impératrice du Sénégal et donné des vapeurs à la Présidente de la République esquimaude.

— Et on peut dire que je m’y trouvais chez vous, pas vrai, ma toute belle ?

Ça lui redonne quelques couleurs.

Puisque je n’ai rien de caché pour vous, les gars (vous êtes truffes mais sympa) je vais vous révéler le pourquoi du comment de ma pensée. Lorsque Pinuche a fait au consulat d’Alabanie son numéro de vitrier, ces messieurs l’ont reconnu. Le vieux Chpountz figurait sur la photo de Yapaksa, souvenez-vous. Alors ils ont logiquement conclu que Miss Tresses avait aussi trempé dans cette histoire et une opération punitive a été décidée.

Je peux me gourer, mais ça m’étonnerait.

— J’ai peur, m’avoue Yapaksa en frissonnant.

Je la serre contre moi. Ses cheveux dénoués ruissellent autour d’elle et lui tombent jusqu’au pervertisseur à crinière.

— Je suis là ! fais-je observer.



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