Voisin voisine by Angela Behelle

Auteur:Angela Behelle [Behelle, Angela]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: J'ai Lu
Publié: 2014-09-02T22:00:00+00:00

*

* *

Je voudrais retenir le temps, emprisonner les secondes. Hélas, je n’ai pas ce pouvoir et Marc m’échappe, comme prévu, le dimanche venu. Je regarde tristement la fenêtre d’en face. Marc me manque. Je me suis trop bien habituée à sa présence chez moi durant ces deux jours. Son départ me laisse un vide immense depuis ce matin. Je ne sais plus quoi faire de moi. Je suis sans entrain, fatiguée et je gage que je ne suis pas la seule. Je souris malgré tout en songeant aux cernes qui ombraient les beaux yeux de mon cher voisin à son réveil. Il s’en est moqué en affirmant qu’au moins son alibi paraîtrait plus vrai auprès d’Amélie. Il n’a pas l’air de se soucier plus que ça de sa fiancée, les scrupules ne le chatouillent apparemment pas.

Je réprime un frisson. Son image me poursuit dans chaque pièce de l’appartement jusque dans la douche qu’il a partagée avec moi.

Je l’aime… éperdument, cruellement.

Je ne cesse de me demander s’il pense un peu à moi alors qu’il est allé la rejoindre comme convenu. Je me complais à me torturer inutilement en songeant à ce mariage. Marc ne sera plus un homme libre. Amélie occupera près de lui la place que je lui jalouse déjà.

Il serait fâché de m’entendre dire ça. Il m’a fait jurer de ne jamais évoquer une telle absurdité. J’ai serré les dents, j’ai promis tout comme j’ai promis de lui appartenir selon son bon vouloir.

Je suis officiellement devenue folle. Je savais qu’il y aurait un mort dans cette bataille. Ma raison a abdiqué, mais pour autant mon cœur ne se réjouit pas forcément. Pour chasser mes idées noires et fuir cet appartement où je me sens trop seule, j’enfile une paire de chaussures et je gagne le parc voisin. Comme d’habitude, une balade au grand air me remettra sans doute le cerveau à l’endroit.

Il fait beau, les Parisiens profitent du soleil. Ils sont nombreux à s’être installés sur les pelouses pour bavarder, lire ou même bronzer en faisant la sieste. Ça ne me ferait pas de mal de les imiter, mais j’en suis incapable. Sitôt que je m’arrête, Marc revient inlassablement occuper mes pensées. Alors je marche en focalisant mon attention sur des détails sans importance. Le décor majestueux et verdoyant du parc me facilite l’effort jusqu’à ce que mon portable se mette à vibrer dans ma poche. Mon cœur fait un looping dans ma poitrine lorsque je lis le nom de Marc sur l’écran. Je décroche aussitôt.

— Où es-tu ? me demande-t-il d’une voix inquiète.

— Au Parc Monceau, pourquoi ?

— Rentre vite, s’il te plaît !

— Pour quelle raison ? m’étonné-je. Où es-tu, toi ?

— Chez toi !

Ces deux mots suffisent à ce que je bondisse. Oubliant ma fatigue, je galope jusqu’à mon immeuble. Jamais les deux étages ne m’ont été si faciles à grimper. Ma porte est entrouverte, Marc se retourne à temps pour me recevoir dans ses bras. Nos bouches se retrouvent avec emportement. Nos corps se désirent tellement que la plus petite attente paraît insoutenable.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.