Vasco de Gama by Sanjay Subrahmanyam

Auteur:Sanjay Subrahmanyam [Subrahmanyam, Sanjay]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Éditeur: Alma
Publié: 2012-03-29T04:00:00+00:00

En appendice à l’expédition : les frères Sodré

La discorde n’est sans doute pas étrangère aux événements survenus dans l’océan Indien après que Gama a quitté le Kerala en février 1503. Certes, on peut supposer que dom Manuel est déjà contrarié par l’incident du Mīrī, par les richesses qu’a accumulées Gama pour son propre compte, ou par la violence dont il a fait preuve à Cannanore et Calicut. Mais Vicente et Brás Sodré ont eux aussi leur part de responsabilité. Nous avons vu que, conformément aux instructions du roi, cinq navires (et non six, comme on a pu l’entendre) étaient restés sur place, sous le commandement de l’oncle maternel et confident de Gama, Vicente Sodré. Celui-ci avait pour mission d’arraisonner et de piller les navires ennemis. Il était donc censé jouer les trouble-fête dans le commerce entre la mer Rouge et le Kerala (Calicut, plus précisément). Mais son escadre stationnée dans l’océan Indien avait également vocation à protéger les comptoirs établis à Cochin et Cannanore. Sodré devait patrouiller aux abords des côtes sud-ouest de l’Inde : Gama avait promis au roi de Cochin qu’il protégerait son port284.

Or, même après la bataille navale contre les Mappillas de Calicut en février 1503, le Samudri ne laissera pas les Portugais s’en tirer à si bon compte. Fin mars 1503, depuis Mozambique, l’italien Matteo da Bergamo rapporte que le roi de Calicut a l’intention de s’en prendre au comptoir de Cochin et à ce royaume tout entier. Comment expliquer que Sodré n’ait pas eu vent de ces rumeurs285 ? En compagnie de son frère Brás Sodré, il décide de s’éloigner des côtes du Kerala pour mener quelques raids corsaires du côté de la mer Rouge. En avril, il a déjà intercepté et dépouillé plusieurs navires musulmans au large du cap Gardafui. Sans doute est-ce à ces opérations que le chroniqueur arabe Mohammed ibn ‘Umar al-Taiyib Ba Faqih fait référence dans ce passage du Tārīkh al-Shihrī :

En l’an 908 de l’hégire (1503 de l’ère chrétienne), les vaisseaux des Francs sont apparus en mer sur la route de l’Inde, d’Hurmûz et de ces régions. Ils ont pris environ sept vaisseaux, dont ils ont tué ou capturé les passagers. C’était là leur première action, que Dieu les maudisse286.

Nous pouvons nous référer au témoignage de l’un de ces Portugais, Pêro de Ataíde287. Dans une lettre adressée à dom Manuel depuis Mozambique en février 1504, il rapporte qu’après le départ de Gama, Sodré mène son escadre vers le cap Gardafui. En chemin, il capture un sambouk transportant du poivre et du sucre, ainsi que quatre navires chargés d’étoffes, de clous de girofle, de benjoin, de camphre et de riz. Brás Sodré fait main basse sur le butin. Une fois qu’il s’est servi le premier, les autres capitaines ne trouvent plus à bord que des ballots intransportables. Dans le camp portugais, la tension monte. La situation dégénère avec la prise d’un navire chargé de soie en provenance de Chaul. Ataíde accuse Brás Sodré d’avoir accaparé des marchandises « sans les porter

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