Une histoire du monde dans sortir de chez moi by Histoire

Une histoire du monde dans sortir de chez moi by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2016-10-11T16:28:08.995000+02:00
Éditeur: Payot
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


III

Durant ce nouvel âge où ils se sont prodigieusement enrichis, beaucoup d’Américains ont pu s’offrir des fantaisies assez singulières. George Eastman, fondateur de Kodak, est resté célibataire toute sa vie et habitait avec sa mère une gigantesque propriété de Rochester, dans l’État de New York, mais cela ne l’empêchait pas d’employer de nombreux domestiques, notamment un organiste particulier qui, chaque jour à l’aube, le réveillait – ainsi sans doute que pas mal de ses concitoyens – en donnant un récital sur un orgue monumental. Autre excentricité attendrissante : Eastman avait sa propre cuisine à l’étage, et il adorait enfiler un tablier avant de se mettre à préparer des tartes.

Un certain John M. Longyear demeurant à Marquette, dans le Michigan, se montra un peu plus excessif : ayant découvert qu’une compagnie de chemin de fer avait obtenu le droit de poser des rails juste devant sa maison pour transporter du minerai de fer, il fit démonter et déménager toute sa propriété – « maison, buissons, arbres, fontaines, pièces d’eau décoratives, haies et allées, pavillon de gardien, porte cochère, serres et écuries », énumère un biographe ébahi – pour transférer le tout à Brookline, dans le Massachusetts, où il reproduisit jusqu’à la moindre jonquille sa paisible existence antérieure, mais cette fois sans aucun train passant sous ses fenêtres. Par comparaison, la marotte de Frank Huntington Beebe, qui possédait deux manoirs côte à côte – un où il habitait, l’autre où il refaisait sans arrêt les peintures – apparaît comme l’exemple même de la modération.

Personne ne mettait plus d’ardeur à dépenser que Mrs E. T. Stotesbury, surnommée « la reine Eva ». Elle avait une façon tout à fait surprenante de gérer l’argent du ménage. Elle déboursa un jour 500 000 dollars pour emmener un groupe d’amis chasser l’alligator, simplement parce qu’il lui fallait des peaux pour fabriquer un assortiment de valises et de boîtes à chapeau. Une autre fois, elle fit repeindre en une nuit tout le rez-de-chaussée d’El Mirasol, sa maison de Floride, mais comme elle avait oublié d’en informer son très conciliant mari, lorsque celui-ci descendit de sa chambre le lendemain matin, il passa un certain temps à se demander où il était.

Le mari en question, Edward Townsend Stotesbury, avait fait fortune en tant que directeur de banque au sein de l’empire Morgan. S’il était un banquier remarquable, il manquait néanmoins un tantinet de présence : au dire d’un chroniqueur, c’était « un auguste vide dans l’atmosphère, la main invisible rédigeant les chèques ». Mr Stotesbury pesait 75 millions de dollars lorsqu’il rencontra Mrs Stotesbury en 1912. Elle était récemment venue à bout de la bonne volonté et du compte en banque de son premier mari, Mr Oliver Eaton Cromwell. Avec une efficacité proprement étourdissante, elle aida le second à dépenser 50 millions de dollars en nouvelles demeures. Elle commença par Whitemarsh Hall, à Philadelphie, une maison tellement gigantesque que les descriptions qu’on en a ne sont jamais tout à fait identiques. Suivant les chiffres sur lesquels on se fonde,



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.