Un nouveau bonheur by Inconnu(e)

Un nouveau bonheur by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e)
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-05-12T21:17:04+00:00


- Merci beaucoup, monsieur. Vous êtes trop aimable, j’ignorais que c’était le ciel qui m’avait envoyée.

Elle l’entendit rire tandis qu’elle quittait la pièce pour retourner bien vite à la cuisine. Pour ne prendre aucun risque, elle avait élaboré un dîner qu’elle avait souvent préparé pour son père, et qui s’ouvrait sur un délicieux pâté de canard, servi dans des assiettes individuelles décorées de rosettes faites de carottes naines et de petites betteraves. Puis venait un consommé, onctueux et doré, dont chaque gorgée, Manella le savait d’expérience, était un régal, suivi d’un saumon frais, péché le matin même dans la rivière par le garde-chasse.

A sa demande, il avait aussi apporté quatre jeunes poulets. Sur le menu, Manella leur avait donné le nom de «poussins». Après une hésitation, elle avait intercalé entre le poisson et les volailles, un sorbet à la poire. Le tout était accompagné de Champagne -elle avait découvert, avec satisfaction - que la cave en regorgeait.

Oui, pensa-t-elle avec une étincelle dans les yeux, le dîner allait être fort différent de ce qu’ils avaient connu la veille. Elle se concentra avec un soin tout particulier sur les poussins.

Dobbins annonça le dîner pour huit heures précises, c’est-à-dire tard, pour des Anglais - le prince régent dînait généralement à sept heures et demie. Mais le marquis, pour profiter de la douceur de l’été, voulait prolonger sa promenade de l’après-midi.

Il avait monté un étalon acheté à peine deux semaines plus tôt. L’animal n’était pas complètement dressé et le marquis avait pris grand plaisir à renouveler cet antique combat entre l’homme et la bête.

Ses trois invités et lui prirent place autour de la table ornée d’orchidées.

La comtesse posa ses longs doigts fins sur son bras.

- Buck, mon bel amour, il est si délicieux de vous avoir pour nous tout seuls. Demain, je serai jalouse de devoir vous partager avec tous vos autres invités.

- J’espère que vous ne tentez pas d’insinuer de façon subtile, ma chère, que je vous négligerais.

- Je ne vous le permettrais pas ! répondit la comtesse en battant outrageusement des cils.

Le marquis l’avait rencontrée à Paris. Il l’avait trouvée amusante, pleine d’esprit et d’une sensualité débordante. La Révolution, la Terreur, la guerre puis l’occupation avaient exigé de la capitale française un lourd tribut. Pourtant, avec une capacité d’adaptation tout à fait singulière, Paris avait bien vite repris goût à la vie et offrait à un homme qui désirait s’amuser de quoi satisfaire tous ses caprices. Il avait pu ainsi, non pas oublier, mais reléguer à l’arrière-plan de la conscience les carnages, les souffrances et les privations endurés pendant tant d’années.

Quant à Yvette, elle avait tout fait pour que le marquis ne pense à rien d’autre qu’à elle. Elle était à son côté dès qu’il quittait le service et ses troupes. Il faut avouer qu’il aurait été inhumain de ne pas trouver désirable la comtesse qui, en parfaite libertine, s’entendait parfaitement dans l’art d’éveiller les désirs.

Elle était veuve. Son mari avait été tué alors qu’il commandait un régiment à la bataille de Leipzig, un an avant l’abdication de Napoléon en 1814 et son bannissement pour l’île d’Elbe.



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