Tome 3 by Auteur inconnu

Tome 3 by Auteur inconnu

Auteur:Auteur inconnu
La langue: fra
Format: epub


Chapitre 17

Il fallait s’y attendre. À cause de la chaleur humide et insupportable qui écrasait la région du Saguenay depuis quelques jours, un orage d’une violence extrême menaçait d’éclater d’un instant à l’autre. Ce soir-là, en effet, devant la fenêtre du salon d’Hélène et Ludger Tremblay situé au-dessus du magasin général, les trois sœurs Laurin regardaient d’un air inquiet les paquets de pluie fouetter la chaussée et les devantures des maisons, à travers les éclairs et les grondements du tonnerre. On craignait que le départ du Corinthian pour Tadoussac et Québec, prévu pour le lendemain matin, ne soit reporté à plus tard à cause du mauvais temps. Si Anne et Marguerite préféraient rentrer au bercail le plus rapidement possible, Camille, pour sa part, aurait apprécié un délai.

À vrai dire, elle n’avait aucunement envie de revenir sur la rue Émery. Elle se plaisait trop dans ce nouvel environnement, comme si on l’avait soudainement parachutée dans un univers paisible et rassurant. À Montréal, il lui faudrait dénicher un autre emploi et réorganiser sa vie. Elle devrait surtout se débarrasser du pseudoamoureux délinquant et possessif qui lui faisait la vie dure. Trop dure. Dieu sait comment il réagirait quand elle lui montrerait la porte...

— Le souper est prêt !

La tante Hélène s’était donné du mal. Elle avait sorti l’argenterie de son coffret capitonné de velours et dressé la table comme au jour de l’An. Ce dernier repas pris ensemble se devait d’être remarquable.

Elle avait même décidé de surprendre ses nièces en invitant Léontine Gauthier et son mari. Sa belle-sœur n’avait cependant pas répondu à son télégramme envoyé quelques jours plus tôt. Mais Hélène avait bon espoir de les voir enfin surgir.

En s’approchant de la table, Marguerite remarqua les deux couverts en surplus et ne put résister à sa curiosité.

— Vous attendez des visiteurs, ma tante ?

— Oui, Léontine et Léopold devraient arriver d’une minute à l’autre. Mais, avec cet orage, mieux vaudrait qu’ils n’aient pas quitté leur demeure. Bagotville se trouve tout de même à un bon bout de chemin. Je voulais vous faire une surprise.

Un coup de tonnerre salua l’ évocation de Bagotville, mais Marguerite sursauta pour une tout autre raison. Ah non ! Elle ne pouvait croire que sa tante avait invité Léontine, la dernière personne au monde qu’elle avait envie de rencontrer ! Elle bénit l’orage et pria tous les saints du ciel de le faire durer toute la soirée.

— Mais puisque le repas est prêt, nous allons passer à table. Tant pis pour Léontine. Dans quelques instants Ludger devrait monter du magasin. Un client le retient probablement en bas.

Camille se leva promptement et s’engagea aussitôt dans l’escalier.

— Je descends le chercher, ma tante !

Elle aimait bien l’odeur du magasin, ce mélange d’épices, de tabac, de savon, de parquet ciré, de vernis et d’huile rancie. Durant ce court séjour à Chicoutimi, elle avait passé des heures à fouiner dans le commerce de son oncle, soulevant un couvercle ici, fourrant son nez au-dessus d’un sac là, tripotant une casserole, caressant un



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