Testament politique by Richelieu

Testament politique by Richelieu

Auteur:Richelieu [Richelieu]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-06-18T22:00:00+00:00


Chapitre 7e

Qui fait voir l’état présent de la maison du Roi

et met en avant ce qui semble nécessaire

pour la mettre en celui auquel elle doit être

L’ordre des arts et de toutes sortes de bonnes disciplines veut qu’on commence toujours son travail par ce qui s’y trouve de plus aisé.

Sur ce fondement, la première chose que fait un architecte qui veut entreprendre un grand édifice est d’en faire un modèle où les proportions soient si bien observées qu’il lui serve de mesure et de pied pour son grand dessein. Et, s’il ne peut venir à bout de ce projet, il se départ de son entreprise. Le sens commun faisant connaître aux plus grossiers que celui à qui le moins n’a pas été possible est entièrement incapable du plus.

En cette considération, les esprits même médiocres reconnaissant qu’ainsi que la structure de l’homme est un raccourci de celle du grand monde, ainsi les familles particulières sont les vrais modèles des républiques et des États, et, chacun tenant pour chose très certaine que celui qui ne peut ou ne veut pas régler sa maison n’est pas capable d’apporter un grand ordre à un État.

La raison voulait que, pour parvenir à la réformation de ce Royaume, on commençât par celle de la maison de V. M. Cependant, je confesse que je n’ai jamais osé l’entreprendre, parce que la bonté de V. M. ayant toujours eu en aversion les ordres qu’elle estimait de petite conséquence lorsqu’ils ont intéressé quelques particuliers, on ne pouvait se proposer un tel dessein sans choquer ouvertement son inclination et l’intérêt de beaucoup de gens qui, étant continuellement auprès d’elle dans une grande familiarité, eussent pu la détourner des ordres les plus nécessaires à son État pour empêcher ceux de sa maison dont le règlement leur était utile.

Mais, comme un testament met au jour beaucoup d’intentions que le testateur n’avait osé divulguer pendant sa vie, celui-ci conviera V. M. à la réformation de sa maison, qui a été omise tant parce que, bien qu’elle semblât plus aisée que celle de l’État, elle était en effet plus difficile, que parce qu’aussi la prudence oblige à souffrir en certaines occasions de légères portées pour gagner en beaucoup d’autres.

Comme c’est une chose connue de tout le monde qu’il n’y a jamais eu roi qui ait porté plus haut la dignité de son État que V. M., aussi ne peut-on nier qu’il n’y en a jamais eu qui ait laissé ravaler si bas le lustre de sa maison. Les étrangers qui sont venus en France de mon temps se sont souvent étonnés de voir un État si relevé et une maison si abaissée. En effet, elle est insensiblement déchue jusqu’à ce point que tel y a possédé des premières charges, qui, pendant le règne de vos prédécesseurs, n’eût osé penser aux médiocres ; toutes choses y ont été en confusion depuis la cuisine jusqu’au cabinet.

Au lieu que, du temps du Roi, votre Père, les princes, les officiers de la couronne et tous les grands du Royaume



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.