Sur tes cils fond la neige by Vladimir Fédorovski

Sur tes cils fond la neige by Vladimir Fédorovski

Auteur:Vladimir Fédorovski [Fédorovski, Vladimir]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance historique
Éditeur: Stock
Publié: 2019-10-09T23:00:00+00:00


Pasternak et Staline

À ce moment, Pasternak subissait involontairement les aléas de la vie sentimentale de Staline. La vie intime du dictateur fut toujours entourée du plus grand secret. S’il morigénait sa fille à cause de ses tenues qu’il jugeait trop osées, il ne menait pas pour autant la vie d’un moine. Les lettres enflammées qu’il écrivit dans les années 1920 à sa seconde épouse, Nadejda Allilouïeva, le prouvent. Tout au long de sa vie, Staline eut des maîtresses. En exil en Sibérie, avant la révolution de 1917, il vécut longtemps avec une paysanne. Plus tard il fut l’amant de sa belle-sœur. Vers la fin de sa vie, il se consola avec sa gouvernante, une corpulente jeune femme d’origine paysanne. Au début des années 1930, les querelles de Staline et de son épouse étaient courantes. Elles prenaient parfois une tournure si violente que le dictateur devait envoyer leurs deux enfants chez ses beaux-parents. Mais en 1932, un drame survint.

Le 9 novembre, soir de la célébration du quinzième anniversaire de la révolution d’Octobre, Staline flirta avec l’épouse d’un de ses généraux. Terriblement jalouse, sa femme fit tout pour attirer l’attention de son époux, qui ne la regarda pas. Staline leva son verre pour célébrer la liquidation des « ennemis de l’État ». Mais Nadejda s’y refusa. « Hé toi ! Bois un coup ! » lui aurait alors lancé Staline. « Mon nom n’est pas “Hé toi” ! » aurait répondu sa femme, blessée. Elle quitta le dîner, suivie de la femme de Molotov, le bras droit de Staline à l’époque. Après avoir discuté avec son amie, Nadejda se rendit dans l’appartement du Kremlin et se tira une balle dans la région du cœur… Son suicide fut caché à la population russe. La presse de Moscou parla d’un « décès subit », on annonça au peuple qu’elle avait succombé à une appendicite. Molotov attribua ce geste tragique tantôt à une maladie héréditaire (Nadejda souffrait de maux de tête insupportables), tantôt à une énième passade de Staline avec sa jeune coiffeuse.

En novembre 1932, l’Union des écrivains envoya des condoléances officielles au dictateur. Touché par cette mort, Pasternak ajouta quelques lignes de sa main : « Je m’associe aux sentiments des camarades. La veille, j’avais profondément et intensément pensé à Staline ; pour la première fois en artiste. Le matin, je lisais la nouvelle. Je suis bouleversé comme si j’avais été là, comme si je l’avais vécu et vu. »

Cette phrase réveilla-t-elle l’esprit superstitieux de Staline, sensible au surnaturel, comme tous les tsars de la Russie qui s’entouraient de devins et de guérisseurs ?

Le chef du Kremlin n’oublia pas les mots de Pasternak. Amateur de revues littéraires, le tsar rouge connaissait bien le nom de l’écrivain. Pour Staline, les auteurs communistes étaient « les ingénieurs des âmes humaines ». Or, selon lui, la « fabrication des âmes » était « plus importante que celle des chars ». En outre, il était sensible au fait que Pasternak s’intéresse à la poésie de sa Géorgie natale et la traduise de manière systématique.



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