Sur les traces de Lovecraft 2 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Lovecraft, nouvelles, fantastique, angoisse, terreur, illustration
Éditeur: Nestiveqnen Éditions
Publié: 2018-02-15T16:00:00+00:00

La caverne n’avait pas été difficile à trouver, même si le livre ne donnait aucun détail sur la localisation du rituel. Il m’avait suffi de chercher dans les zones peu fréquentées et accessibles aux sans-branchies comme Zacharia du réseau de grottes, jusqu’à en trouver une aux parois couvertes d’inscriptions désormais familières. La présence d’un autel de pierre m’avait aussi semblé un bon indicateur. Malheureusement, la seule cachette que j’y avais trouvée ne permettait pas de bien voir l’intérieur une fois qu’on y était dissimulé. Pour regarder, il fallait se découvrir. J’attendais donc en aveugle, vérifiant pour la énième fois les armes que j’avais pu me procurer, une vieille Winchester 94 Legacy à douze coups, une autre plus récente avec un mécanisme à pompe et un vieux revolver. J’avais pris le temps de m’entraîner à tirer, ce matin. Manifestement, je n’étais qu’un tireur moyen, mais vu la taille de la grotte, mes cibles n’allaient pas être bien loin… Je n’avais pas vraiment de plan, juste un objectif : empêcher le rituel. J’essayais de ne pas imaginer qui de la famille allait être présent. Mon père ? Heimoana elle-même ? Tout le monde ? Ça ne changeait rien, me répétais-je. L’important était de les empêcher de nuire.

À défaut de les voir, je les entendis arriver. Ils chantaient. Je ne comprenais pas les paroles, mais les sonorités étaient rugueuses, déplaisantes à l’oreille. Il me sembla aussi entendre des pleurs d’enfant. Je me retins de sortir de ma cachette. Il valait mieux attendre qu’ils se rapprochent, qu’ils s’immobilisent. Les premiers devaient avoir atteint l’autel quand une voix reconnaissable se fit entendre. Je serrai la Winchester à m’en faire mal aux jointures. Le chant avait cessé, il n’y avait plus que la voix qui semblait haranguer les autres, et en sourdine les pleurs. Je ne pus le supporter très longtemps et sortis brusquement de ma cachette. Ils avaient allumé des bougies, je n’eus aucun mal à trouver ma cible. Je crois que je hurlais en tirant. La balle passa au-dessus de sa tête. Il se tourna vers moi.

— Qu’est-ce que tu fais ? criai-je. C’est quoi ce cirque ?

— Walter…, fit-il d’une voix apaisante. Ce que je fais ? Je prépare notre avenir, vois-tu. Un avenir glorieux, auprès de nos puissants parents revenus des profondeurs. Beaucoup mieux que de se terrer de peur que ces pathétiques humains nous découvrent, ne crois-tu pas ?

Oncle William portait une robe aux motifs compliqués et beaucoup de bijoux, du même genre que l’anneau d’Arthur. Il aurait eu l’air ridicule s’il n’avait tenu un couteau et maintenu allongée sur l’autel une gamine d’une dizaine d’années. Je reconnus la petite Alice Kinkaid, la fille de ses voisins.

— Un avenir à servir un ancien dieu grotesque et sanguinaire ? ne pus-je m’empêcher de demander.

— Sanguinaire pour les humains, sans doute, mais nous, Walter, nous sommes ses enfants les plus doués ! Nous serons ses bras droits, ses…

Cette fois, la balle atteignit sa cible. Ça me faisait mal de l’entendre débiter des idioties pareilles.

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