La peau sur les os by Stephen KING (Richard BACHMAN)

La peau sur les os by Stephen KING (Richard BACHMAN)

Auteur:Stephen KING (Richard BACHMAN)
La langue: fra
Format: epub


19

Dans le camp des Bohémiens

Il s’arrêta derrière le camping-car au flanc orné de l’effigie de la Dame à la Licorne. Son ombre, longue et étroite, se perdait parmi les ombres qui dansaient au gré des fluctuations du feu. Il écoutait le brouhaha assourdi des conversations entrecoupées de rires intermittents. De loin en loin, un bourgeon éclatait dans le feu avec un bruit sec.

Non, je ne peux pas y aller. Sa raison plaidait contre avec une conviction farouche. Cette conviction n’avait pas la peur pour seul aliment; il y entrait une part obscure de pudeur, de sens des convenances. Faire intrusion dans leur cercle, interrompre leurs conversations, troubler leur quiétude, tout cela lui paraissait aussi gênant que de perdre son pantalon au beau milieu d’une plaidoirie. Après tout, les torts étaient de son côté. C’était lui qui...

Là-dessus, le visage de Linda lui apparut. Il entendit sa voix qui l’implorait de rentrer. Il l’entendit éclater en sanglots.

Non, les torts n’étaient pas uniquement de son côté.

A nouveau, la fureur montait en lui. Il s’efforçait de la contenir, de l’atténuer, de la muer en un sentiment un peu moins stérile. Il fallait qu’il soit sévère, mais sans plus. Il s’avança, passa entre le camping-car et la station-wagon garée à côté de lui. L’herbe sèche craquait imperceptiblement sous les semelles de ses mocassins de chez Gucci. Il avait pénétré dans le cercle.

Il s’agissait plutôt de plusieurs cercles disposés concentriquement. D’abord, le cercle approximatif formé par les véhicules à l’arrêt, puis un cercle d’hommes et de femmes assis en rond autour d’un feu qui brûlait dans une excavation circulaire entourée d’une bordure de grosses pierres. Non loin du feu, on avait planté dans le sol une branche à peu près haute comme un homme, avec un carré de papier jaune empalé sur sa pointe. Billy supposa qu’il s’agissait d’un permis de feu.

Les Gitans les plus jeunes étaient assis à même le sol ou sur des matelas pneumatiques. Les plus âgés avaient pris place sur des chaises de jardin à armature d’aluminium, avec des sièges et des dossiers en plastique tressé. Il y avait une unique chaise longue, dans laquelle une très vieille femme, adossée à plusieurs oreillers superposés, collait des timbres-prime dans un livret ad hoc.

De l’autre côté du feu, trois chiens se mirent à aboyer sans trop de conviction. Un des garçons leva brusquement la tête et il écarta le côté gauche de son gilet, révélant un étui d’aisselle d’où dépassait la crosse nickelée d’un revolver.

« Enkelt ! lui ordonna sèchement un homme plus âgé en lui retenant le bras.

— Bodde har?

— Just det — han och Taduz ! »

Debout au milieu de tous ces gens assis, avec sa veste en seersucker pendante et ses mocassins à glands, Halleck détonnait absurdement. Le jeune Gitan se leva et ses yeux se posèrent sur lui. Ils n’exprimaient pas la peur, mais l’étonnement, et Billy crut y discerner une lueur de pitié. Le garçon lui tourna le dos et s’éloigna, s’arrêtant brièvement au passage pour expédier un coup



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