Splendeur de l'Inde ? by Jean Drèze Amartya Sen

Splendeur de l'Inde ? by Jean Drèze Amartya Sen

Auteur:Jean Drèze, Amartya Sen [Jean Drèze, Amartya Sen]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Flammarion
Publié: 2014-05-15T04:00:00+00:00


Au seuil de la pauvreté

Le seuil de pauvreté de l'Inde a récemment fait l'objet de débats animés. La controverse a commencé à propos d'une déclaration écrite sous serment soumise à la Cour suprême par la commission de planification, en septembre 2011, en réponse à une question de la Cour concernant la méthode utilisée pour déterminer ce seuil ainsi qu'à celle de savoir s'il est possible de satisfaire aux normes alimentaires minimales à ce niveau de dépenses par tête.

La déclaration de la commission a clarifié la méthodologie de l'estimation officielle de la pauvreté, fondée sur le rapport de la commission Tendulkar (2009), dans lequel on peut lire l'étrange assertion selon laquelle les seuils de pauvreté officiels (32 roupies par personne et par jour en zone urbaine, 26 roupies en zone rurale, aux prix de juin 2011) « garantissent l'adéquation des dépenses privées réelles par tête pour l'alimentation, l'éducation et la santé [à ceux qui vivent] près des seuils de pauvreté ». Cette observation malvenue a provoqué un tollé immédiat, tous les commentateurs faisant valoir que le seuil de pauvreté officiel était en fait un « seuil d'indigence » ne garantissant rien de plus que la subsistance, ce qui n'était pas difficile à démontrer. Par exemple, le budget de référence associé au seuil de pauvreté urbain comprend les sommes « princières » d'une dizaine de roupies par mois pour se chausser et de 40 roupies pour les soins médicaux. Les 10 roupies permettent à peine de faire réparer une lanière de sandale une fois par mois et les 40 roupies d'acheter l'équivalent d'une aspirine par jour. De même, les 30 roupies mensuelles prévues au poste « loyer et transport » n'autorisent qu'un court trajet occasionnel en bus et il ne reste plus rien pour payer le retour ; quant au loyer, il n'en est même pas question.

Ces chiffres dérisoires reflètent le fait que les critères d'établissement du seuil de pauvreté ont été définis il y a plusieurs dizaines d'années, à une époque où même la simple subsistance était loin d'être assurée pour une grande majorité d'Indiens. Le seuil de pauvreté est, bien sûr, régulièrement mis à jour pour tenir compte de la hausse des prix, mais il exclut les exigences accrues pour mener une vie digne. À juste titre, il paraît aujourd'hui totalement en décalage avec le minimum souhaitable pour tous.

Au cours du débat, diverses questions ont été source de confusion. Ainsi domina l'impression que, si le seuil de pauvreté officiel était si bas, c'était parce que la commission de planification venait de l'abaisser. Au contraire : le rapport de la commission Tendulkar avait abouti à une révision à la hausse du seuil de pauvreté rural. Aussi incroyable que cela puisse sembler, il était encore plus bas auparavant. D'autres questions ont été cause de malentendu, telles la vocation des seuils de pauvreté officiels et la relation entre les estimations de la pauvreté et les droits à une aide alimentaire dans le cadre du système de distribution public.

Au-delà de ces confusions, lorsque le débat prit fin, il était passé à côté de l'essentiel.



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