Speakeasy by Fajardie Frédéric H

Speakeasy by Fajardie Frédéric H

Auteur:Fajardie, Frédéric H. [Fajardie, Frédéric H.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelles
Publié: 2011-08-20T22:00:00+00:00


*

* *

Balestrini se ressaisit aussi rapidement qu’il avait semblé défait :

— Laissons tout cela pour l’instant, monsieur Aldeman. Je vous disais… Oui, la vie avait repris, et l’école. À douze ans, j’entrai en sixième dans un cours complémentaire de la rue du Moulin-des-Prés. C’était un tout autre monde, plus déférent. Au fond, je n’étais pas loin de penser que cet univers était plus déplaisant que le précédent. D’ailleurs, je fréquentais toujours mes anciens copains et je n’avais pas changé mes habitudes, c’est-à-dire mes promenades nocturnes dans les terrains vagues parce que, plus que jamais, je traînais mes insomnies à quoi s’ajoutaient une impression d’étouffement et d’horribles douleurs à l’estomac.

— Et le sexe ? demanda Aldeman.

— Ça ne m’intéressait pas ! répondit froidement Balestrini.

— Attendez… vous n’aviez plus envie de montrer votre sexe à la jolie mercière ?

— C’est-à-dire… Évitons ce sujet !

— Pourquoi ? Vous croyez-vous en position d’éviter ce genre de question ? Vous êtes solliciteur, après tout.

Balestrini alluma nerveusement une cigarette et répondit :

— Écoutez, Manolesco a essayé des centaines de fois, en vain : toutes ces choses me soulèvent le cœur !

— Quelles choses ? demanda Aldeman.

— La psychanalyse et toutes ces saloperies !

Aldeman hésita, peu sûr, au fond, de souhaiter réellement s’engager sur ce terrain. Après réflexion, il opta pour une attaque détournée :

— Qui parle de tout cela ?

— Je… Moi, en tout cas, je ne tiens pas à en parler !

Le journaliste observa le tueur. Visiblement, Balestrini étouffait comme si l’air lui manquait. En outre, il semblait souffrir. Physiquement.

— Soit ! dit Aldeman qui ajouta : Mais dites-moi tout de même ce qui vous dégoûte dans la psychanalyse.

Balestrini parla très vite, comme si les mots constituaient une thérapie :

— Ces théories pseudo-scientifiques ont été élaborées par des détraqués. Et quand bien même tout cela serait vrai, je persiste à ne pas vouloir le savoir ! Qu’on fouille l’âme, comme ça, comme si on retournait une charogne avec un bâton : ça me met totalement mal à l’aise.

— N’en parlons plus, Balestrini, poursuivez.

L’autre, visiblement soulagé, reprit :

— Merci. Depuis le meurtre du flic, au square, deux ans plus tôt, je me sentais comme en manque. Rien de pathologique, contrairement à ce que disait Manolesco. En fait, je ne savais pas exactement ce qui me manquait. J’y réfléchissais pourtant chaque nuit, très longuement, et j’échouais toujours sur un point de détail : au fond, j’avais tué ce flic par hasard, sans même le souhaiter. Et l’idée me vint que l’acte aurait une tout autre signification, beaucoup plus explicite si, dès le départ, je partais avec l’intention de tuer. Mais bien entendu, telles quelles, les choses me semblaient impossibles.

— Vous voulez dire, intervint Aldeman, que tuer pour tuer n’a jamais été votre but ?

— Absolument, même si Manolesco disait que je me cherchais des prétextes ! À cette époque, mon souci principal était l’argent. D’ailleurs, peu après, j’ai « logé » ma cible. En fait, ça faisait des années que je l’avais repérée… C’était une épicerie minable tenue par une vieille femme méchante et sale.



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