Police by Nesbø Jo

Auteur:Nesbø, Jo [Nesbø, Jo]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman policier
Éditeur: Gallimard-Série noire
Publié: 2014-03-26T23:00:00+00:00

Truls Berntsen faisait son tour dans Kvadraturen. Comme il le faisait presque tous les soirs. Il roulait doucement dans le quartier, passait d'une rue à l'autre, Dronningens gate, Kirkegata, Skippergata, Nedre Slottsgate, Tollbugata. C'était sa ville, autrefois. Ça recommencerait.

La fréquence de la police crachotait. Des codes qui lui étaient destinés, à lui, Truls Berntsen, et c'était lui qui était tenu à l'écart. Et ces idiots croyaient réussir, ils croyaient qu'il ne comprenait pas. Mais on ne la lui faisait pas. Truls ajusta le rétroviseur, jeta un coup d'œil sur son arme de service posée sur sa veste, sur le siège à côté. Comme d'habitude, c'était le contraire. C'était lui qui allait les doubler.

Les femmes sur le trottoir l'ignoraient. Elles reconnaissaient la voiture, savaient qu'il n'achèterait pas leurs services. Un jeune garçon maquillé avec un pantalon trop serré se balançait au poteau d'un panneau d'interdiction de stationner comme s'il s'agissait d'une barre de strip-tease. Il se déhancha et fit la moue à Truls qui lui répondit en lui faisant un doigt d'honneur.

On aurait dit que la nuit s'était épaissie. Truls se pencha vers le pare-brise et leva les yeux. Des nuages arrivaient de l'ouest. Il s'arrêta à un feu rouge. Jeta un nouveau coup d'œil sur le siège. Il les avait baisés coup sur coup, et il allait recommencer. C'était sa ville, personne n'allait la lui prendre.

Il rangea le pistolet dans la boîte à gants. L'arme du meurtre. Cela faisait tellement longtemps, mais il voyait encore son visage. René Kalsnes. Cette petite tronche de pédé, cette tronche de gonzesse. Truls frappa le volant. Allez, putain, passe au vert !

Il l'avait d'abord frappé avec la matraque.

Puis il avait sorti son arme de service.

Même dans le visage ensanglanté et démoli, Truls avait vu la supplication, il avait entendu un souffle implorant, proche du sifflement d'un pneu crevé. Muet. Vain.

Il avait placé la balle à la racine du nez. Il avait vu la petite secousse, comme dans un film. Il avait amené la voiture au bord du précipice, et elle était tombée. Puis il était parti. Il s'était arrêté un peu plus loin, avait essuyé la matraque et l'avait jetée dans la forêt. Il en avait plusieurs chez lui dans le placard de sa chambre. Des armes, des lunettes de vision nocturne, un gilet pare-balles, et même un fusil Märklin que l'on croyait toujours enfermé dans le dépôt des scellés.

Truls emprunta les tunnels pour aller dans le ventre d'Oslo. La droite, le parti de la bagnole, avait surnommé les nouveaux tunnels les vaisseaux sanguins vitaux de la capitale. Un représentant des Verts avait répondu en les qualifiant d'intestins de la ville : ils étaient peut-être nécessaires, mais c'était de la merde qui circulait dedans.

Il se fraya un chemin à travers les sorties et les ronds-points dont les panneaux suivaient la tradition d'Oslo selon laquelle il fallait être du coin pour ne pas se planter avec les blagues de la voirie. Oslo Est. Son quartier. La radio continuait à jacasser. Une voix fut couverte par un grondement.

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