Sherlock Holmes et les ombres de Shadwell by James Lovegrove

Sherlock Holmes et les ombres de Shadwell by James Lovegrove

Auteur:James Lovegrove
La langue: fra
Format: epub
Tags: FICTION / Fantasy / Général
ISBN: 9791028103965
Éditeur: Bragelonne


Nous passâmes quelques heures fort ennuyeuses à nous promener d’hôpital en hôpital, en passant même par celui où j’avais fait mes études, St Bartholomew. Mes références médicales nous garantirent l’accès à la morgue de chaque établissement. Enfin, au sous-sol du London Hospital, sur Whitechapel Road, nous trouvâmes ce que nous cherchions.

Le personnel nous sortit le cadavre du Chinois et l’allongea, recouvert d’un drap, sur une dalle de marbre. Alors que les employés quittaient la pièce, Holmes remarqua que c’était la première fois qu’il avait l’occasion d’étudier l’une des victimes émaciées. Venant d’un autre que lui, sa remarque eût paru bien macabre ; cependant, son intérêt venait d’une authentique curiosité criminalistique. Avant cela, il avait dû se contenter de travailler à partir de témoignages. Cette fois, il allait pouvoir examiner lui-même la victime et, peut-être, glaner des données nouvelles.

Sur son invitation, je retroussai le drap et dévoilai la tête et le torse nu d’un vieil homme rabougri à l’air frêle, qui avait étrangement réussi à éviter l’humiliation des cheveux gris. Il avait les joues et la poitrine creuses, les clavicules et toutes les côtes saillantes. Il ne lui restait pour ainsi dire aucun muscle sur le corps. Ses veines et tendons ressortaient fièrement sous sa peau, qui avait la couleur et la texture du parchemin. Il semblait ne pas peser plus de trente kilos, soit la moitié d’un homme de constitution normale faisant sa taille.

Et il y avait son visage.

Ses yeux étaient écarquillés. Je suppose que l’on avait essayé de les lui fermer, et que, trouvant les paupières raides et résistantes, on les avait laissées écartées. Il en allait de même pour sa bouche, ouverte sur un rictus qui exposait sa cavité buccale jusqu’à la luette. La rigidité cadavérique l’avait sans doute déjà figée dans cette position.

Il avait tout à fait l’air d’un homme qui hurle.

Sous le niveau du sol, dans cette salle aux carreaux vernissés où il faisait si froid que notre respiration faisait des panaches de vapeur, Holmes et moi n’avions pas vraiment chaud. Et pourtant, la vue du visage du Chinois mort me donna un frisson qui n’avait rien à voir avec la température ambiante. Moi, pourtant médecin, qui, à peine quelques jours plus tôt, parlais dédaigneusement du prétendu « air terrifié » des morts, soulignant qu’il s’agissait d’une mauvaise interprétation d’un phénomène physiologique tout à fait banal, en me trouvant confronté à ce même phénomène, ma première réaction fut celle d’un novice inculte. J’étais obnubilé par une pensée : oui, c’était précisément cela ; un air terrifié. Le Chinois était mort dans un état de peur et de désespoir extrêmes. J’aurais même pu aller jusqu’à affirmer qu’il était mort, non de malnutrition, mais de terreur. Ce qu’il avait vu dans ses derniers instants sur terre était si horrible que son cœur s’était arrêté.

— Oh, Watson, Watson, fit Holmes en parcourant le cadavre des yeux, c’est fascinant. Absolument fascinant. On jurerait, n’est-ce pas, que ce pauvre homme n’a rien mangé ni bu pendant bien des jours, à en juger par son état.



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