roaud by Inconnu(e)

roaud by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-01-02T22:21:57+00:00


Ça chauffe

Évidemment. Nous sommes sous le régime du Roi-Soleil, de qui vient toute la lumière, logiquement amateur éclairé des arts et protecteur chaleureux de ses sujets, unique, ultime et véridique incarnation de l’esprit de la chevalerie. Sa vie se doit d’être un roman, semblable à ceux – Roland furieux, La Jérusalem délivrée – dont lui-même se montre friand. Du coup on le laisse gagner les courses auxquelles il participe, on consacre notre jockey de marque premier cavalier du royaume, ce qui l’autorise à se faire représenter à cheval, essaimant dans tout le royaume des statues équestres, celle exécutée par le Bernin arrivant trop tard pour être exposée, Louis ayant entre-temps commencé à virer sa cuti mystique, dans sa Carte du Ciel passant de Cueille-le-jour à Crainte-du-jugement-der-nier. Mais jusque-là, le chevalier solaire, le cavalier doré, c’est lui. Tiens, doré-Dorante, et le Dorante de la Critique qui prend si ardemment face au Marquis la défense de Molière est justement chevalier. Le chevalier Dorante, clone de Louis XIV ? Et que dit, par la bouche de son avatar, le souverain ? « C’est qu’il est généreux de se ranger du côté des affligés. » Souvenir de Saint Louis rendant la justice sous son chêne, lavant les pieds des pauvres, guérissant les écrouelles (inflammation des ganglions lymphatiques – un roi très spécialisé), rappel de l’ancien devoir du monarque, mais pour la méthode ? Toujours la même : « Je suis pour le bon sens. » Le bon sens cartésien, autant dire fini le droit divin, règne de la raison et doute qui s’infiltre, on y regarde à deux fois. Et sur sa politique versaillaise ? Il met en garde une « douzaine de Messieurs qui déshonorent les gens de cour par leurs manières extravagantes, et font croire parmi le peuple que nous nous ressemblons tous ». Sous-entendu, ne mélangeons pas. Il y a les bons et les mauvais princes comme il y a les vrais et les faux dévots, les hommes de science et les charlatans, les poètes et les rimailleurs, Molière et l’abbé Cotin. Il convient de séparer le bon grain de l’ivraie, de ne pas prendre une partie pour le tout. Trancher pour l’exemple la tête de quelques mauvais seigneurs libertins abusant de leurs privilèges, comme on le fit dans le Limousin, n’implique pas d’étendre la sentence à l’ensemble de l’aristocratie, roi y compris. De mauvaises branches. Ne confondons pas. Et la manière de ne pas confondre ?



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