Revival by Stephen King

Auteur:Stephen King [King, Stephen]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Fantastique
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2015-09-29T13:00:00+00:00

La tournée des Johnson Cats avait commencé à Bloomington – au Circus One –, avant de rejoindre le Congress Theater à Oak Park. Petites salles, concerts d’échauffement avec en première partie des petits guitaristes locaux. Puis direction Détroit, où les choses sérieuses devaient commencer : trente villes où les Johnson Cats assureraient la première partie de Bob Seger et le Silver Bullet Band. Du rock d’arènes, du lourd. Ce dont on rêve.

Le sifflement dans les oreilles de Hugh a commencé à Bloomington. Au début, il avait mis ça sur le compte d’une partie du prix à payer quand on vend son âme au rock & roll : quel musicien qui se respecte n’a pas de temps en temps des crises d’acouphènes ? Souvenez-vous : Pete Townshend, Eric Clapton, Neil Young… Et puis, à Oak Park, le vertige et la nausée ont frappé. En plein milieu du concert, Hugh était sorti de scène en titubant pour aller dégobiller dans un seau rempli de sable.

« Je me souviens encore de l’écriteau accroché au-dessus. PETITS FEUX UNIQUEMENT », m’a-t-il raconté.

Il avait réussi à terminer le concert – ne lui demandez pas comment –, salué et quitté la scène en titubant.

« Qu’est-ce que t’as ? » lui demanda Felix Granby. C’était le chanteur et guitariste solo, ce qui signifiait que pour le gros du public – le public amateur de rock, en tout cas –, les Johnson Cats c’était lui. « T’es bourré ?

– Gastro, répondit Hugh. Ça va déjà mieux. »

C’est ce qu’il croyait : avec les amplis éteints, les acouphènes semblaient effectivement refluer. Mais le lendemain matin, ils étaient de retour et, à part ce sifflement infernal, il n’entendait plus rien.

Deux membres des Johnson Cats pressentirent la catastrophe imminente : Felix Granby et Hugh lui-même. Ils n’étaient qu’à trois jours du Silverdome à Pontiac. Capacité : quatre-vingt-dix mille spectateurs. Avec Bob Seger, favori de Détroit, en vedette, le stade serait quasi comble. Les Cats étaient au seuil de la gloire et, dans le rock & roll, ce genre de chance se présente rarement deux fois. Felix Granby fit donc à Hugh ce que Kelly Van Dorn des White Lightning m’avait fait.

« Je lui en veux absolument pas, me dit Hugh. Si nos rôles avaient été inversés, j’aurais sûrement fait la même chose. Il a engagé un musicien de session de chez l’Amour Studio à Détroit et c’est ce gars-là qu’est monté sur scène avec eux au Dôme ce soir-là. »

C’était Granby en personne qui avait viré Hugh, pas en disant des mots mais en les écrivant et en les lui tendant pour qu’il les lise. Il lui avait fait remarquer que si les autres membres des Cats étaient originaires de milieux modestes, Hugh, lui, venait d’une famille friquée. Il pouvait reprendre un vol pour le Colorado en première classe et aller consulter les meilleurs spécialistes. Le dernier mot de Granby, en lettres capitales, disait ceci : T’INQUIÈTE, EN MOINS DE 2 TU SERAS 2 RETOUR AVEC NOUS.

« Tu parles, commenta Hugh alors qu’on était assis à l’ombre à manger nos sandwiches de chez Tubby.

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