Que mes guerres étaient belles ! by Vergès Jacques

Que mes guerres étaient belles ! by Vergès Jacques

Auteur:Vergès, Jacques [Vergès, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, France, Droit, Politique
ISBN: 9782268060989
Google: N0EiAQAAIAAJ
Éditeur: Proudhon - Bookaniers
Publié: 2007-03-14T23:00:00+00:00


17 février 1945

L’allié italien nous a gênés presque partout. C’est ce qui nous a empêchés, en Afrique du Nord, par exemple, de faire une politique révolutionnaire. Par la force des choses, cet espace devenait une exclusivité italienne, et c’est bien à ce titre qu’il fut revendiqué par le Duce. Seuls, nous aurions pu émanciper les pays musulmans dominés par la France. Cela aurait eu un retentissement énorme en Égypte et dans le Proche-Orient asservis par les Anglais. D’avoir notre sort lié à celui des Italiens, cela rendait une telle politique impossible. Tout l’Islam vibrait à l’annonce de nos victoires. Les Égyptiens, les Irakiens et le Proche-Orient tout entier étaient prêts à se soulever.

Que pouvions-nous faire pour les aider, pour les pousser même, comme c’eût été notre intérêt et notre devoir. La présence à nos côtés des Italiens nous paralysait et elle créait un malaise chez nos amis de l’Islam, car ils voyaient en nous des complices, volontaires ou non, de leurs oppresseurs. Or les Italiens, dans ces régions, sont encore plus haïs que les Français et les Anglais.

Le souvenir des barbares représailles exercées contre les Senousis y est toujours vivant. Et d’autre part la ridicule prétention du Duce d’être considéré comme le Glaive de l’Islam entretient encore le long ricanement qu’elle suscita avant la guerre. Ce titre qui convient à Mahomet et à un grand conquérant comme Omar, Mussolini se l’était fait donner par quelques pauvres bougres qu’il avait payés ou terrorisés. Il y avait une grande politique à faire à l’égard de l’Islam. C’est raté – comme tant d’autres choses que nous avons ratées par fidélité à l’alliance italienne !

Les Italiens, sur ce théâtre d’opérations, nous ont donc empêchés de jouer l’une de nos meilleures cartes qui consistait à émanciper tous les protégés français et à soulever les pays opprimés par les Britanniques. Cette politique aurait suscité l’enthousiasme dans tout l’Islam. C’est en effet une particularité du monde musulman que ce qui touche les uns, en bien ou en mal, y est ressenti par tous les autres, des rives de l’Atlantique à celles du Pacifique.

― Vous me remuez le fer dans la plaie. Je regrette de n’avoir pas écouté la raison qui me commandait une amitié brutale à l’égard de l’Italie. Je l’aurais manifestée aussi bien dans l’intérêt personnel du Duce que dans celui de son peuple. Je sais évidemment qu’il ne m’aurait pas pardonné cette attitude, je sais qu’il s’en serait offusqué. Mais à cause de ma mansuétude, des choses sont arrivées qui auraient pu ne pas arriver, des choses qui n’étaient pas fatales. La vie ne pardonne pas à la faiblesse.

Je reconnais là votre supériorité, vous méritez bien votre nom de guerre, Staline l’homme d’acier. Votre peuple aussi s’est révélé le plus fort, l’avenir lui appartient, tandis que mes compatriotes me sont apparus inconstants, anarchiques et bornés.

― Cela n’a plus d’importance, pour vous qui êtes profondément un aventurier solitaire. Vous ne savez pas ce que l’histoire fera de vous. S’il n’y avait eu Mussolini, vous seriez apparu



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