Puyi by Danielle Elisseeff

Puyi by Danielle Elisseeff

Auteur:Danielle Elisseeff [Elisseeff, Danielle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie Historique
Publié: 2014-05-12T22:00:00+00:00


En tenue d’apparat

Son investiture, ou mieux encore son « sacre », occupe entièrement Puyi, le faisant retourner en esprit vers le monde si dur, mais si bien cadré de son enfance à la Cité interdite. Pour ce moment solennel, il s’imagine reprenant le nom dynastique des Qing – les « Purs » – et revêtant pour l’occasion les vêtements cérémoniels que portaient ses ancêtres. C’est pourquoi il fait chercher à Pékin les tuniques brodées qu’avait endossées le défunt empereur Guangxu (reg. 1875-1908), son prédécesseur ! Quand on ouvre les coffres, il découvre, émerveillé, des robes de Cour comme il n’en avait jamais vu : de superbes costumes de cérémonie, chaopao 朝袍26. Ils comportent sur le devant une sorte de jupe plissée et, au bout des manches, suffisamment longues pour recouvrir les poignets, une manchette en forme de sabot de cheval – le cheval des éleveurs et des conquérants –, tandis que, doublant le col de la veste, une sorte de petite cape pointue, évoquant celle des archers d’autrefois, recouvre les épaules. Le tout, réalisé dans une splendide soie jaune clair, est brodé au point de couchure de motifs de dragons, de vagues et de montagnes. Puyi est en extase.

Mais – il ne s’y attendait nullement et il en est bouleversé – voilà qu’on lui interdit catégoriquement de porter de tels atours. Pour les Japonais, en effet, il n’est pas question d’user d’un apparat chinois traditionnel ; celui-ci pourrait inciter les journalistes du monde entier, dûment conviés pour l’occasion et attirés par le pittoresque de la cérémonie, à établir des comparaisons peu flatteuses à leurs yeux avec le souverain du Japon qui, de petite taille, fait physiquement assez piètre figure dans un monde où l’image photographique a déjà pris toute sa place ; Puyi, en revanche, est grand et a appris avec son maître écossais les codes du maintien et de l’élégance modernes !

C’est alors que, surprenant son monde – et pour la première fois de sa vie –, Puyi se révolte. Lorsqu’il apprend que les généraux nippons veulent le faire apparaître en uniforme de l’armée, comme un souverain ordinaire, à l’occidentale, il explose et finit par trouver la parade : il envoie le fidèle Zheng Xiaoxu négocier avec eux. Les heures passent puis, contre toute attente, le vieux courtisan, inlassable et opiniâtre, finit par obtenir gain de cause ; et c’est finalement en grande tenue impériale mandchoue, dans la robe solennelle de son oncle, que Puyi se présente, le 1er mars 1934, au temple du Ciel local – celui de Changchun. Les Japonais, agacés mais résignés et surtout rassurés car ils ont écarté la plupart des journalistes au nom du caractère éminemment sacré des lieux, laissent faire. Ainsi, pendant le temps bref de la cérémonie27, le nouveau souverain a la joie de pratiquer le plus solennel des rites impériaux : celui du sacrifice au Ciel qui, depuis le IIe siècle avant notre ère, permet aux empereurs chinois de communiquer avec le Ciel, son ancêtre suprême, sur l’estrade ronde – à Pékin, au XVIIIe siècle, Qianlong l’a fait bâtir en marbre blanc – érigée à cet effet.



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