Premier amour by Oates Joyce Carol

Premier amour by Oates Joyce Carol

Auteur:Oates,Joyce Carol [Oates,Joyce Carol]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelle
Éditeur: Philippe Rey
Publié: 2015-03-30T22:00:00+00:00


La maison du Révérend sur Trinity Street, à Ransomville. Une rue de maisons relativement vastes, d’allure cossue. Pour la plupart construites à la fin du XIXe siècle, tout comme celle du Révérend qui, à en croire une date que j’avais trouvée sur une pierre de fondation, avait été bâtie en 1893. Un peu plus haut, à quelques rues de là, s’élevait l’église épiscopale de Trinity ; à proximité de la maison du Révérend, s’élevait autrefois la première église presbytérienne de Ransomville. (Au milieu d’un terrain vague peuplé d’une luxuriante végétation d’arbrisseaux, d’arbustes et de hautes herbes, demeuraient les vestiges de briques et de mortier de l’ancienne église ; je l’avais souvent explorée en solitaire, munie d’un bâton pour éloigner rats et serpents.) Trinity Street, ainsi que tante Esther aimait à s’en vanter, abritait la fine fleur de Ransomville. Ce qui signifiait, naturellement, les citoyens les plus fortunés. La maison d’en face était une demeure géorgienne appartenant à un juge fédéral ; celle d’à côté, une monstruosité néoclassique appartenant à Mr Perkins de Perkins Trust ; de l’autre côté, une imposante demeure coloniale toute blanche qui avait connu des jours meilleurs, appartenant, elle, à Mr Endicott, l’héritier des moulins Endicott. Le pasteur de l’église épiscopale habitait un élégant presbytère en pierre de taille qui jouxtait son église, et l’actuel maire de Ransomville – qui occupait ses fonctions depuis quinze ans – résidait dans une haute maison victorienne, étroite et ténébreuse, avec des bardeaux sombres et un toit pentu, en tout point semblable à celle de tante Esther. Derrière Trinity Street, le terrain descendait en pente abrupte jusqu’à la rivière Cassadaga, à quatre cents mètres en contrebas. C’est là que se trouvait le marais, ce lieu d’odeurs saumâtres, de puissantes odeurs de pourriture enivrantes qui s’exhalaient jusqu’à ma chambre par les nuits étouffantes de fin d’été. Les berges de la rivière étaient envahies par une folle profusion de bambous, de joncs, de roseaux ; de peupliers et de saules pleureurs ; de mystérieux arbustes noueux hérissés d’épines et couverts de baies rouges pierreuses amères sous la langue. Dès le début de l’automne, le sumac flamboyait. Tante Esther désapprouvait cette manie que j’avais de rôder du côté de la rivière, pour reprendre ses termes, comme les enfants du commun, les petits Blancs. Un endroit où une fille de cet âge doit éviter de se promener toute seule.

Trinity Street était la rue la plus chic de Ransomville. Dans sa partie nord, tout du moins. De l’autre côté, elle croisait Washburn Street, Mt Rose Street ou Chipewa, des rues et des quartiers que tante Esther qualifiait de changeants ou encore inégaux. En descendant vers la rivière, une fois passé le vieux cimetière presbytérien, et traversé la voie ferrée qui longeait les berges, la chaussée de Mt Rose Street se creusait de fissures et de nids-de-poule ; ce n’étaient qu’étendues de terres en friche, ponctuées de baraques en bois branlantes, de caravanes montées sur des parpaings, de cabanes goudronnées. C’est là que vivaient les familles des petits Blancs et des gens de couleur.



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