Poutine historien en chef by Nicolas Werth

Poutine historien en chef by Nicolas Werth

Auteur:Nicolas Werth [Werth, Nicolas]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782072998119
Éditeur: Gallimard
Publié: 2022-06-07T22:00:00+00:00


Un nouveau pas est franchi en 2016 dans la lutte contre toutes les « déviances » à la ligne officielle en matière d’histoire. Deux sujets en particulier apparaissent comme des « lignes rouges » à ne pas franchir : le dévoilement de l’identité des responsables des répressions de masse et, plus encore, la moindre contestation du récit officiel sur la Grande Guerre patriotique. De manière significative, les attaques contre Mémorial se sont intensifiées à partir du moment où l’ONG a commencé à publier non plus seulement les listes des victimes des répressions de masse, mais des fonctionnaires du NKVD impliqués dans les arrestations, tortures et exécutions de masse. Le cas le plus emblématique est celui de l’historien Iouri Dmitriev, responsable de la branche carélienne de l’ONG, découvreur, en 1997, du charnier de Sandormokh en Carélie, où avaient été exécutés, dans le plus grand secret, plus de 9 000 condamnés de la Grande Terreur de 1937-193835, compilateur d’une dizaine de Livres de mémoire dédiés aux victimes des répressions en Carélie et auteur de plusieurs articles révélant l’identité des responsables et des agents de ces répressions de masse. Arrêté en 2016, Iouri Dmitriev, après avoir été relaxé en 2018 – fait exceptionnel dans les annales judiciaires russes – des accusations infondées et infamantes de « pédophilie » formulées contre lui par le Parquet – a finalement été, au terme de cinq années de détention préventive et d’une procédure à charge marquée par de très nombreuses irrégularités, condamné en appel le 27 décembre 2021 à quinze ans de détention dans une colonie pénitentiaire à régime sévère36. La Société russe d’histoire militaire a activement participé à la campagne de dénigrement organisée dans les médias contre Iouri Dmitriev et Mémorial. Elle a notamment lancé, en 2018, une « campagne de fouilles » sur le site de Sandormokh (devenu, au fil des années, l’un des principaux lieux de mémoire de la Grande Terreur où, chaque année, le 5 août, date anniversaire du début des « opérations répressives de masse » de 1937-1938, se tenait, à l’initiative de Mémorial, une commémoration en hommage aux victimes en présence de nombreuses délégations étrangères), dans l’intention de « démontrer » que les restes humains retrouvés par Iouri Dmitriev étaient en réalité ceux de prisonniers de guerre soviétiques exécutés par l’armée finlandaise lors de leur occupation de la région en 1941-1943. Cette « révision » grossière37, sur le modèle de celle que les Soviétiques avaient tenté d’accréditer, des décennies durant, à propos du massacre de Katyn – fit long feu. Mais entre-temps, son premier contempteur, Sergueï Koltyrine, historien, directeur du musée de Medvejegorsk, membre de Mémorial, avait été condamné en 2018 à neuf ans de détention pour les mêmes charges de « pédophilie » que Iouri Dmitriev, après qu’il eut déclaré « absurde » l’hypothèse émise par les deux historiens de la Société russe d’histoire militaire chargés de mener la « campagne de fouilles » sur le site de Sandormokh38.

Au cours des dernières années, la Société russe d’histoire militaire a été à l’initiative d’autres « révisions ».



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