Pour Un Monde Sans Sida by Françoise Barré-Sinoussi

Pour Un Monde Sans Sida by Françoise Barré-Sinoussi

Auteur:Françoise Barré-Sinoussi [Barré-Sinoussi, Françoise]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Comment interprétez-vous alors l’exception qu’a constituée pendant un temps le cas de l’Afrique du Sud ?

L’Afrique du Sud est un pays paradoxal sur le continent africain, si différent des autres. Quand j’y suis allée pour la première fois, je n’ai pas eu l’impression d’être en Afrique, mais plutôt sur le continent nord-américain. Comme aux États-Unis, on voit des quartiers pauvres, avec des minorités principalement composées de populations noires, et, de l’autre côté, le versant riche, avec des grandes surfaces commerciales et des galeries marchandes à l’américaine. Comment comparer l’Afrique du Sud avec la République centrafricaine, le Cameroun ou la Tanzanie ? Il s’agit surtout d’un grand pays émergent, avec un grand nombre de personnes d’un haut niveau de formation – venant d’universités de qualité –, de très bonnes infrastructures de santé…

Pour moi, ce pays représente l’illustration parfaite de l’influence néfaste ou bénéfique que peut avoir le pouvoir politique. Le défaut de soutien des autorités, voire le déni total comme ça a été le cas en Afrique du Sud, compromet la mise en place de programmes nationaux. Il faut quand même se rappeler que le Président Thabo Mbeki a longtemps soutenu les thèses niant toute relation entre l’infection VIH et le sida et qu’encore en 2003 sa ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang, préconisait aux malades de manger de l’ail et du citron pour guérir !

Malgré le dynamisme et la mobilisation de professionnels de santé de qualité et les efforts internationaux, il est impossible, en l’absence de volonté politique et d’un programme national solide, de mettre en place, à l’échelle du territoire, des campagnes d’information, d’éducation et des stratégies de prévention avec distribution de préservatifs et accès aux antirétroviraux, y compris pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant, au fur et à mesure de l’amélioration des progrès scientifiques. Voilà ce qui s’est passé en Afrique du Sud. Les professionnels de santé se sont heurtés à des responsables politiques campés sur une position radicale : ils refusaient l’idée qu’un virus puisse être l’agent responsable de la maladie ! Quand on ne croit pas à l’étiologie virale du sida, pourquoi aller mettre en place des programmes de prévention thérapeutique de la transmission du virus de la mère à l’enfant par des antirétroviraux ?

Le président Mbeki a été largement influencé dans ses positions par une poignée de gens que l’on appelle « denialists », dont le chef de file est Peter Duesberg, un grand spécialiste de la rétrovirologie, professeur à l’université de Berkeley et membre de l’Académie des sciences des États-Unis. Ces gens défendaient l’indéfendable et continuent d’ailleurs à le faire : pour eux, le sida n’est pas provoqué par un virus, mais par des problèmes liés à la malnutrition, l’absorption de drogues, ou d’autres pratiques qui affaiblissent le système immunitaire. La seule explication que je trouve à cet acharnement, c’est qu’il faisait partie du petit cercle de rétrovirologues mondiaux dont les multiples tentatives pour trouver un rétrovirus humain ont successivement échoué.



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