Politiquement incorrect by Politique

Politiquement incorrect by Politique

Auteur:Politique [Politique]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Cherche-Midi
Publié: 2015-01-11T23:00:00+00:00


1993

1er janvier 1993

Je suis désormais un citoyen européen. Le grand marché unique des Douze abolit les frontières. Ce jour entre en vigueur le traité de Maastricht pour lequel nous nous sommes tant battus. J’ai l’impression d’être un homme neuf dépouillé de tous ses oripeaux du passé. La seule chose dont je suis sûr est qu’aucun conflit majeur ne pourra décimer les pays de l’Union.

6 janvier 1993

De nombreux sans-abri sont morts de froid. Au Conseil, le président se dit scandalisé par l’« amorphisme » ambiant : « Je n’ai pas vu de cortège se dirigeant vers l’Hôtel de Ville réclamant au maire de Paris [Jacques Chirac] de prendre des mesures concrètes. Non, je ne suis pas en train de fomenter des manifestations, mais ayons le courage de nous exprimer comme les héritiers du message dont nous sommes porteurs. Certes, nos adversaires sont de braves gens, mais ils disent toujours la même chose, à savoir que la gauche est constituée de rêveurs et que l’économie ne supporterait pas les réformes [en faveur des plus démunis]. Il incombe au gouvernement de mener ce combat, au Parlement et dans l’opinion. Nous avons toutes les raisons d’en avoir gros sur le cœur. »

8 janvier 1993

Voyage à Alger pour tenter de rétablir de bonnes relations. À la fin de l’année dernière, les élections pluralistes se sont soldées par la victoire du Front islamique du salut, qui a obtenu 47 % des voix au premier tour. L’armée, ainsi désavouée, a interrompu le processus démocratique et limogé le président Chadli Bendjedid. François Mitterrand avait jugé « pour le moins anormale » cette décision. Cette simple « petite phrase » avait suscité l’ire des sourcilleux généraux. L’ambassadeur d’Algérie en France avait été rappelé. Je réussis à rétablir le dialogue en replaçant l’enjeu sur le terrain économique.

9 janvier 1993

Nous sommes en pleine crise d’hystérie à propos de la Bosnie. Monsieur Bernard-Henri Lévy se prend pour le ministre des Affaires étrangères. Il multiplie les déclarations et fustige notre prétendu immobilisme à propos de la guerre en Bosnie. Je n’ai aucune sympathie pour ce flibustier de la politique et son omniprésence médiatique m’agace au plus haut point. J’en suis à craindre une « dilution » de la relation de confiance que j’ai toujours eue avec le président de la République, chez qui il a ses entrées.

À l’Élysée, je fais part à François Mitterrand de l’effet que les déclarations de Lévy suscitent au Quai d’Orsay. Comme à son habitude, il minimise et devant mon air furieux, que je ne cherche pas à dissimuler, il me « cajole » comme il sait si bien le faire :

« N’y prêtez pas attention, Roland, cela n’a aucune importance mais je suis obligé d’en tenir compte car il a une grande capacité de nuisance. Continuez votre action. Ne vous en préoccupez pas. »

Il est vrai que la marge de manœuvre est faible. On ne peut démettre quelqu’un d’une position qu’il s’est lui-même arrogée. L’« affaire » aurait pu en rester là mais elle rebondit quand il invite



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