Plusieurs vies by Rachid O

Plusieurs vies by Rachid O

Auteur:Rachid O. [O., Rachid]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2-07-040453-6
Éditeur: Gallimard


Un des soirs où on travaillait, il reçoit un coup de fil d’une patiente à lui. Il est reparti en urgence pour la soigner. Rester chez lui, ça m’était insupportable. J’en ai profité à ce moment-là pour monter, faire mes affaires à toute vitesse, j’ai laissé un mot, qu’il fallait que je parte et qu’il n’avait surtout pas à s’inquiéter pour moi, que j’allais à Zurich. Je l’ai supplié de ne pas me chercher ou alerter la police et que j’étais assez grand, contrairement à ce qu’il pensait, que je me débrouillerais jusqu’au jour de mon retour. Je ne voulais surtout pas qu’il vienne à l’aéroport me voir le jour de mon départ. Il me restait six jours à passer tout seul à Zurich, avec mes économies, le peu d’argent que j’avais, je pouvais y vivre en mangeant une bonne fois par jour. J’ai laissé quand même le cadeau de Noël que je lui avais apporté, j’ai regretté un peu de ne pas avoir le mien en échange, ça m’aurait amusé de savoir ce qu’il aurait pu m’offrir.

Le jour où je suis parti et l’ai quitté, c’était le 24 décembre, et nous étions invités chez des amis à lui dont il n’arrêtait pas de me répéter que je serais heureux de les voir, que ça me ferait plaisir, qu’ils avaient organisé une vraie fête pour moi. Pour ça, je trouvais que c’était méchant de partir ce soir-là. J’ai pris le train en espérant qu’il ne me rattraperait pas à la gare, j’ai oublié presque la moitié de mes affaires, mais heureusement pas mon passeport ni mon billet, choses auxquelles je tenais. Je suis arrivé à Zurich. En sortant de la gare, j’ai pris une rue qui était en fait une grande avenue qui s’appelait Bahnhofstrasse, la rue de la Gare, qui était magnifiquement décorée, et j’étais le seul être dans cette rue, perdu, sensation que je n’avais jamais ressentie de ma vie, avec mon sac qui me fatiguait à force d’essayer de trouver un hôtel, et c’était hors de question que je cherche un hôtel dans cette rue qui avait l’air tellement chère et très sophistiquée. J’ai atterri dans la vieille ville et j’ai pris un hôtel qui était convenable pour les six jours qui venaient.

Je suis ressorti dans la rue tout de suite. À un moment, dans la rue, j’entends des pas et quelqu’un qui sifflait, derrière. J’ai compris au bout de la troisième fois que ça ne pouvait être que pour moi. Je n’ai pas hésité une seule seconde, je me suis retourné, j’ai souri et j’ai attendu qu’ils viennent vers moi. Je m’en fichais de ce qu’ils pouvaient être pourvu qu’il y ait un contact ce soir-là. Ils étaient trois. C’était Nicolas qui s’intéressait évidemment à moi, et le deuxième c’était Carlos avec son petit ami égyptien dont j’ai oublié le nom. Nicolas était violoniste et Carlos un violoncelliste. Ils m’ont proposé de venir avec eux dans une cathédrale où ils avaient un ami qui donnait un récital de chant classique.



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