Pinocchio raconte Pinocchio by Michael Morpurgo

Pinocchio raconte Pinocchio by Michael Morpurgo

Auteur:Michael Morpurgo [Morpurgo, Michael]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782075046398
Éditeur: Gallimard Jeunesse
Publié: 2015-09-25T04:00:00+00:00


– Moi ? Jamais de la vie ! Je n’ai mangé que quatre grappes de raisin.

– Voleur de raisin ? Voleur de poulets ? rugit-il. Quelle différence y a-t-il ? Dans un cas comme dans l’autre, tu mérites une leçon. Les fouines sont voleuses, c’est dans leur nature. Mais des garçons comme toi devraient avoir plus de bon sens.

Sur ces mots, il me prit par le collet, ouvrit le piège, et m’en sortit. J’eus beau me démener et me débattre, rien n’y fit, sa main s’était refermée comme un étau d’acier autour de ma gorge, et m’étranglait presque.

– Je vais te mettre immédiatement au travail, dit-il. Ce sera une punition bien méritée pour avoir volé mes raisins. Mon pauvre vieux chien de garde, Mélempo, est mort la semaine dernière – c’était mon meilleur ami, le plus fidèle – et je n’ai pas encore eu le temps d’en chercher un autre. C’est donc toi qui prendras sa place. À partir de maintenant, tu seras mon chien de garde. Tu dormiras dans la niche de Mélempo à côté du poulailler, et si une fouine arrive, tu aboieras comme un fou, pour que j’accoure avec mon fusil. Compris ?

Voilà donc comment je me retrouvai cette nuit-là enchaîné dans la niche de Mélempo, à garder les poulets du paysan. J’eus beau essayer, je ne pus me libérer de mon collier ni de la chaîne. Je restai donc couché sur la paille, tandis que les paroles de la Luciole Voltigeante résonnaient dans ma tête. « Il faut apprendre à tirer les leçons de ses erreurs, dans la vie. Il faut que tu en tires les leçons. »

– J’essaierai ! petite luciole, dis-je à haute voix, espérant qu’elle était toujours quelque part par là, et qu’elle m’entendrait. J’essaierai vraiment ! Sincèrement !

Empli de honte, de regrets, de tristesse, et m’apitoyant sur mon propre sort, je pleurai jusqu’à ce que je m’endorme.

Je fus réveillé au milieu de la nuit par des chuchotements étouffés. Un coup d’œil hors de ma niche suffit à me faire comprendre de quoi il s’agissait.

Des fouines, au nombre de quatre, près de l’enclos des poulets.

Elles tentaient de se faufiler sous le grillage.

Et j’étais censé être le chien de garde.

– Hé, vous là-bas ! criai-je. Qu’est-ce que vous faites ? Allez-vous-en ou j’aboierai jusqu’à ce que mon maître se réveille !

Les quatre fouines trottèrent vers moi et me regardèrent de haut en bas.

– Mon Dieu, Mélempo, dit l’une d’elles, tu as beaucoup maigri tout d’un coup.

– Je ne suis pas Mélempo, répondis-je. Mélempo est mort la semaine dernière, et j’ai pris sa place pour la nuit.



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