Pierre Le Grand. Le premier empereur de toutes les Russies by Francine-Dominique Liechtenhan

Pierre Le Grand. Le premier empereur de toutes les Russies by Francine-Dominique Liechtenhan

Auteur:Francine-Dominique Liechtenhan
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tallandier
Publié: 2015-03-14T16:00:00+00:00


CHAPITRE II

LE DEUXIÈME GRAND VOYAGE

* * *

Pierre avait perçu de nombreuses possibilités pour étendre sa zone d’influence en Europe. L’avènement de la maison de Hanovre sur le trône d’Angleterre (août 1714) lui offrait des perspectives d’alliance. Il envoya en novembre le prince Kourakine à Londres pour négocier le renouvellement du traité commercial et négocier une alliance militaire. Kourakine connaissait bien les cours de Hanovre et de Londres et saurait les attirer du côté de son maître1. Naturellement défiant, il était d’une grande prudence2. Il parlait couramment le français et l’italien, mais ne maîtrisait pas l’anglais. En Occident, ce diplomate faisait l’unanimité. Parfaitement éduqué, il sut plaire à Sophie de Hanovre. Elle le trouvait plus italien que moscovite et appréciait sa courtoisie. C’était un homme « à passer partout pour fort accompli3 ». Observateur de la Russie à Utrecht, il avait su imposer son pays comme garant du traité. Or, il ne se faisait pas d’illusions sur l’attitude des Occidentaux : aucune cour ne s’intéressait sérieusement à la Russie.

Les instructions de Pierre ne laissaient aucun doute sur ses appétits territoriaux4. Kourakine devait se rapprocher des ministres « russophiles » à Londres et commencer à négocier secrètement avec eux. L’enjeu était de taille : il fallait les persuader d’accorder la Livonie et Riga à la Russie grâce à un traité international et surtout leur faire oublier ses promesses territoriales à Auguste. Il avait la délicate mission de discréditer le roi-électeur. En défendant les droits du Saxon sur la Pologne, le tsar s’était attiré l’ire des Ottomans. Ils l’avaient attaqué, battu et lui avaient fait perdre des places importantes. Le roi – sans parler de la Diète – n’avait rien fait pour le secourir. Il allait de soi que la Russie devait obtenir des compensations. Kourakine sut toucher la corde sensible des Anglais. La situation politique en Pologne était instable : si Riga passait sous le contrôle de Varsovie, le commerce de ce port risquait d’être perturbé, ce qui causerait de lourds préjudices aux négociants anglais. Si la ville revenait à la Russie, le tsar s’engageait à signer un nouveau contrat commercial avec la Grande-Bretagne à des conditions particulièrement avantageuses. Kourakine disposait de 200 000 florins pour distribuer des pots-de-vin. Le tsar savait mettre la main à la poche.

Kourakine réussit un coup de maître. Le chantage sur le commerce effraya ses interlocuteurs. Les négociants anglais et hollandais souffraient du blocus instauré par les Suédois afin d’isoler la Russie. Tout bateau venant d’un port ennemi ou s’y rendant risquait d’être confisqué. Le représentant de Londres à Stockholm avait beau protester et demander des compensations, Charles XII ne cédait pas. Au début de 1715, la situation semblait sans issue. La proposition de Pierre tombait bien. Une coalition militaire anglo-russe en mer du Nord et en Baltique permettrait d’escorter les navires et de capturer des bateaux suédois pour toucher des dommages et intérêts. Mais comment procéder ? Un paragraphe de l’Act of Settlement5 soumettait toute action militaire qui ne touchait pas directement la sécurité du pays au vote du Parlement.



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