Phryne et les anarchistes by Greenwood Kerry

Phryne et les anarchistes by Greenwood Kerry

Auteur:Greenwood, Kerry [Kerry, Greenwood]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Australienne, Policier, Années folles
Éditeur: Editions de la loupe
Publié: 1991-12-31T16:00:00+00:00


VIII

...Je pêche.

Mais vous ne voyez pas comment je jette ma ligne.

SHAKESPEARE, Le Conte d’hiver

Phryne monta dans son boudoir et verrouilla la porte derrière elle. Non seulement la peur et la rage la faisaient trembler, mais elle s’était cassé un ongle et éraflé le menton. Elle se jeta sur son lit et ferma les yeux, déterminée à chasser sa fureur avant qu’elle ait raison d’elle.

« Me surprendre a été si facile ! S’ils avaient été deux, ils m’auraient enlevée, à moitié nue, et sans même une arme pour me défendre ! Mais ça ne m’arrivera plus. La prochaine fois, j’irai me baigner avec un revolver, et que Dieu vienne en aide à celui qui osera m’approcher ! »

Ce type était un anarchiste, elle en était certaine. Peut-être était-ce l’un des deux noms qu’on lui avait donnés. Auquel cas, il devait être en train de pleurer à chaudes larmes sur ses testicules malmenés. Yourka Rosen était déjà un peu vengé. Cette idée la fit rire, et elle se sentit mieux. C’est alors qu’elle se rua dans la salle de bains où elle vomit copieusement.

Cette fois, elle était bel et bien guérie. Elle se brossa les dents, se versa un petit verre de Laphroaig, prit une douche fraîche et se lava les cheveux pour se débarrasser du sable. Alors qu’elle était assise devant sa coiffeuse en train de limer son ongle esquinté, Dot frappa à la porte.

— Miss ? Miss Phryne ? Vous allez bien ?

— Entrez, Dot. Je vais bien, oui. Un abruti a essayé de me kidnapper.

— Qu’avez-vous fait du corps, miss ? demanda Dot sans se démonter. C’est arrivé sur la plage ? Et il n’y en avait qu’un ?

— Oui, sur la plage, il m’a jeté une couverture sur la tête, mais j’ai réussi à le convaincre de me lâcher, dit Phryne, sans préciser la méthode employée pour ne pas heurter la pudeur de sa femme de chambre. Et je l’ai laissé s’en aller, zut !

— C’est heureux, fit Dot en prenant les ciseaux et en commençant à couper l’ongle. Qu’auriez-vous fait de lui ? Je veux dire, à part le réduire en bouillie.

— Je crois bien que je vous ai corrompue, Dot.

— Moi, miss ? Je me moque pas mal de ce qui arrive à un individu qui vous a tiré dessus !

Dot rangea les ciseaux dans leur étui.

— Vous êtes impatiente de voir ce ballet ? Quelle tenue allez-vous mettre ?

— Oui, miss, je n’ai encore jamais vu de ballet, mais c’est dommage que vous ne veniez pas avec nous. Je vais mettre la robe en velours marron foncé et le chapeau orange brodé de fleurs en velours.

— Oui, ce sera très bien. Il vous faut aussi un manteau. Prenez le vert, ça ne jurera pas. Votre bleu n’irait pas du tout.

— Merci, miss. Ce sera ravissant. Au fait, Mr. Peter Smith a téléphoné. Il a dit qu’il rappellerait à deux heures.

— Bon. Je vais dormir un peu. Et je ne veux être dérangée qu’en cas d’extrême urgence.



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