Louis Fronsac 16 Le funeste testament by D'Aillon Jean

Auteur:D'Aillon,Jean [D'Aillon,Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier Historique
Éditeur: Le Grand-Châtelet
Publié: 2015-11-23T23:00:00+00:00

11

Cette fois, ce fut Louis qui resta abasourdi. Pourtant, tout paraissait si évident !

— Donc j’ai fait fausse route, grimaça-t-il. Heureusement, il reste le cheval et son fer.

— Ouais. Il n’en demeure pas moins que Tavernier et Bonnet se connaissent et que mon commissaire lorgne une charge de conseiller coûtant cinquante mille livres. Avec quel argent compte-t-il payer ?

Louis resta silencieux un instant, consacrant toute son attention à renouer un de ses rubans de poignets.

— L’attitude d’Anne n’est pas claire, dit-il quand il eut terminé. Je n’avais guère réfléchi à son comportement jusqu’ici, tant j’étais persuadé que M. Tavernier était coupable, mais j’ai l’impression de l’embarrasser autant que je gêne sa belle-mère.

— Explique-moi.

— Elle est venue à l’étude prendre conseil auprès de mon père, elle ne m’a jamais demandé de l’aider et j’ai eu la vague impression qu’elle était contrariée quand elle m’a aperçu à l’église Saint-Gervais. J’étais peut-être la dernière personne qu’elle souhaitait voir ! Quand je lui ai proposé de me rendre avec elle sur les lieux du crime, elle n’a pas osé refuser, mais elle n’a montré aucune appétence pour ce voyage. Vendredi, elle est restée quasiment muette durant tout le trajet. Ce déplacement lui déplaisait, et l’attentat contre moi l’a encore plus contrarié. J’ai pensé qu’elle était sous l’effet de l’émotion, mais je me demande maintenant si elle n’était pas fâchée que j’en aie réchappé.

— Aurait-elle pu désirer ta mort ? Avoir payé un homme de main pour qu’il te tire dessus ?

— Possible. Mais comme c’était depuis l’endroit où on a tué son père, cela signifierait qu’elle a aussi préparé sa mort.

En disant ces mots, Louis ressentait une immense détresse. Il avait sincèrement voulu aider Anne et devenir un de ses amis. Il avait même éprouvé une pointe de jalousie en découvrant M. de Lincy. Pouvait-il s’être entièrement trompé sur elle ?

— N’avais-tu pas l’impression qu’elle aimait son père ?

— À l’étude, elle pleurait en parlant de lui, mais par la suite je l’ai trouvé bien froide.

Il leva les yeux vers Gaston :

— Peut-être aimait-elle plus les biens de son géniteur que sa personne ! persifla-t-il, comme si se moquer pouvait atténuer la tristesse qu’il éprouvait.

— Et Tavernier dans tout ça ?

— Je viens de penser que j’ai autre chose…

Il sortit la mèche de poils de son gousset.

— Guillaume les a trouvés dans les ronces près de l’endroit d’où on m’a tiré dessus.

Tilly les regarda longuement avant de dire :

— Ça ressemble bien à la couleur du cheval de Tavernier, qui a aussi les poils longs.

— Mais l’intendant du seigneur de Romainville posséderait également un cheval avec ce genre de robe. Ces poils peuvent provenir de la monture du meurtrier, mais aussi de celle de cet homme.

— Quel embrouillamini ! soupira Gaston.

On gratta à la porte. C’était un archer.

— Monsieur le commissaire, on a découvert un cadavre sur la grève ce matin. On l’a porté dans la basse geôle et personne ne le connaît. Le chirurgien juré, qui est sur place, m’a demandé de prévenir tous ceux qui sont dans le Châtelet pour tenter de l’identifier.

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