Peter Pan by James Matthew Barrie

Auteur:James Matthew Barrie [Barrie, James matthew]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782743626150
Éditeur: Éditions Rivages
Publié: 2013-11-15T05:00:00+00:00

Chapitre 9

L’oie du Jamais

Le dernier son que Peter entendit avant d’être tout à fait seul fut celui des sirènes qui se retiraient une à une dans leurs chambres à coucher sous les mers. Il était trop loin pour entendre leurs portes se fermer, mais dans les grottes de corail où elles vivent, chaque porte fait tinter une petite cloche quand elle s’ouvre ou se ferme (tout comme dans les plus belles maisons du continent) et il entendit les cloches.

Les eaux ne cessaient de monter, jusqu’à ce qu’elles en vinssent à lui mordiller les pieds, et pour passer le temps en attendant leur ultime bouchée, il contempla l’unique chose encore sur le lagon. Il pensa qu’il s’agissait d’un bout de papier flottant, peut-être d’un morceau du cerf-volant, et il se demanda nonchalamment combien de temps il lui faudrait pour dériver jusqu’au rivage.

À présent, il remarquait qu’il y avait quelque chose d’étrange à sa présence incontestablement volontaire dans le lagon, car il luttait contre la marée, et parfois réussissait ; et lorsqu’il gagnait, Peter, prenant toujours parti pour le plus faible, ne pouvait s’empêcher d’applaudir ; c’était un brave bout de papier.

Ce n’était pas vraiment un bout de papier, c’était l’oie du Jamais qui faisait des efforts désespérés sur son nid pour atteindre Peter. En forçant sur ses ailes, d’une manière qu’elle avait apprise depuis que le nid était tombé dans l’eau, elle parvenait plus ou moins à manœuvrer son étrange embarcation, mais au moment où Peter la reconnut enfin, elle était vraiment épuisée. Elle était venue le sauver en lui donnant son nid, même s’il contenait des œufs. Cette oie m’étonne assez, car s’il avait parfois été gentil avec elle, il l’avait aussi souvent tourmentée. J’imagine simplement que, tout comme Mme Darling et ses semblables, elle avait un faible pour ses dents de lait.

Elle lui annonça dans un cri pourquoi elle était venue, et il lui demanda dans un cri ce qu’elle fabriquait là, mais bien sûr, aucun des deux ne comprenait la langue de l’autre. Dans les contes imaginaires, les gens peuvent parler aux oiseaux sans difficulté, et j’aimerais en cet instant pouvoir prétendre que nous sommes dans ce genre d’histoire, pour dire que Peter répondit intelligemment à l’oie du Jamais. Mais rien ne vaut la vérité, et je tiens à vous dire ce qui s’est réellement passé. Eh bien, non seulement ils ne pouvaient pas se comprendre l’un l’autre, mais ils en oublièrent même les bonnes manières.

« Je - veux - que - tu - viennes - dans - le - nid, cria l’oie, s’exprimant aussi lentement et aussi distinctement que possible, en - suite - tu - pour - ras - dé - ri - ver - jusqu’à - terre, mais - je - suis - trop - fa - ti - guée - pour - te - l’ap - por - ter - plus - près - donc - tu - dois - na - ger - jus - qu’à - elle.

– Qu’est-ce que tu jacasses ? répondit Peter.

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