Perturabo : Le Marteau d'Olympia by Guy Haley

Auteur:Guy Haley
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Black Library
Publié: 2017-05-18T08:34:48+00:00

DIX

MIGRATION

999.M30

L’Iron Blood, système de Gugann, profondeurs de Sak’Trada

Perturabo était seul à l’intérieur de la sphère morne et lisse du strategium minoris du vaisseau, haut perchée sur la paroi du pont de commandement. Les murs et le sol de la salle étaient faits d’acier nu et un podium cerclé d’une balustrade du même métal se dressait en son centre.

Depuis cette position privilégiée, il pouvait observer tout ce qui se déroulait à n’importe quel étage du pont. Des chœurs de servitors faisaient cercle autour du dais du timonier, debout sur des gradins concentriques, comme un public d’amphithéâtre tournant le dos à la scène. À cette distance, le pilote enchâssé au milieu de l’amas mécanique du dais semblait minuscule. En l’état, il faisait pratiquement partie intégrante du vaisseau.

Perturabo disposait d’un contrôle total sur les grands affichages hololithiques qui flottaient avec indolence dans l’espace vide au centre de la pièce. Il pouvait, s’il le souhaitait, inspecter dans les moindres détails le travail des transmécaniciens qui se livraient à l’entretien des machineries internes de l’Iron Blood, ou encore surveiller les rondes des légionnaires en armure sillonnant les couloirs du bâtiment ou supervisant les bombardements à longue portée depuis les batteries du vaisseau.

Mais rien de tout cela ne l’intéressait.

Son regard aux iris bleu glacé se perdait dans une immensité que lui seul pouvait voir. Un œil non averti eut pu le croire frappé de mutisme ou paralysé par l’indécision, alors que le Primarque était en vérité plongé dans l’étude d’innombrables flux de données, relayés directement jusqu’à son cortex cérébral par les câbles branchés à la multitude de prises serties dans son crâne. Il recevait simultanément des centaines de communications vox en provenance de tous les vaisseaux de sa flotte. Un grand nombre d’entre elles ne retentissaient que des hurlements de ses hommes, mais il n’en avait cure. Il dédiait toute son attention au laïus de données qui émergeait dans son esprit, formé par un millier de points de vue différents de la bataille en cours, sous tous les formats imaginables. Chaque information reçue était dépouillée de ses attributs superflus et réduite à sa plus simple expression. La vie et la mort n’étaient plus que des chiffres, sans aucune marge pour les variables ambiguës. L’univers se changeait en un élégant ballet de nombres se mouvant avec grâce dans les salles du palais qu’était son esprit.

Un pour une victoire, zéro pour une défaite. C’étaient les deux seules données qui lui importaient. Ses hommes périssaient dans le seul but de déterminer le résultat de ses équations guerrières.

À travers ses connexions, il faisait l’expérience de la mort des vaisseaux. Il sentit un escorteur, pris dans un rayon entropique, se changer en fournaise alors que toute la matière engloutie dans le champ temporel de l’arme atteignait immédiatement une température uniforme et que ses atomes se dispersaient. L›appareil se désagrégea dans une vague radioactive de neutrons en fuite, laissant derrière lui un aperçu de la mort de l’univers. Les composantes animales du cerveau de Perturabo assignaient des sensations aux informations qu’il recevait et il était tiraillé par la douleur à chaque fois qu’un de ses bâtiments était touché.

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