Patrick Bruel by Frédéric Quinonero

Auteur:Frédéric Quinonero [Quinonero, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Éditeur: Archipel
Publié: 2019-08-26T23:00:00+00:00

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Un bonheur n’arrivant jamais seul, Patrick Bruel fait au mois d’août une rencontre qui va bouleverser sa vie. Il marque alors une pause dans sa tournée fleuve et se repose à Saint-Tropez. Un soir, lors d’un dîner chez ses amis comédiens Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon, il fait la connaissance d’une jolie blonde à l’allure d’étudiante pour laquelle il éprouve aussitôt une irrésistible attirance. Elle s’appelle Amanda Maruani, elle est écrivaine – elle prendra bientôt le pseudonyme de Sthers, d’après Esther, son second prénom et celui de sa grand-mère adorée, pour signer son premier roman, Ma place sur la photo.

Patrick Bruel avait prédit qu’il reconnaîtrait la femme de sa vie le jour où elle apparaîtrait. Jusqu’alors il trouvait le temps long et s’interrogeait sur l’échec de sa vie sentimentale. Puis : « J’ai décidé d’ouvrir les bonnes portes, et Amanda s’est présentée, qui a donné un sens à ma vie future, présente et passée17. » Elle a vingt-trois ans, il en a dix-neuf de plus. Mais ils partagent les mêmes valeurs et coutumes. Très vite, il apprend à la connaître jusqu’à tout savoir d’elle.

Parisienne de naissance, fille d’un psychiatre et d’une avocate lobbyiste, Amanda Sthers grandit dans un milieu intellectuel de gauche, tendance socialisme libéral, attaché aux principes républicains de justice et d’équité, tout en affichant un certain réalisme économique. Juive du côté paternel, dont les ascendants sont venus de Tunisie, et catholique par sa mère, issue de la petite bourgeoisie brestoise, elle s’épanouit entre ces deux cultures, avec un attrait pour le judaïsme dont les repères, les fêtes et réunions familiales ont rythmé sa vie – sa mère s’est convertie au moment du mariage.

« Être juif, dit-elle, c’est au-delà d’être religieux ou croyant. Je suis une juive non croyante. Mais j’ai l’impression que c’est une religion avec laquelle on n’a pas le choix. Il faut la transmettre et la faire exister parce que ce qu’elle a traversé et vécu mérite qu’elle continue. Au-delà même de ce que l’on pense croire ou connaître. Elle fait partie d’un héritage important de l’humanité et de résistance18. »

L’écriture, sous différentes formes, sera son mode de transmission, nourri de l’ambition d’ouvrir les esprits, de défricher les mentalités. Toute petite, intriguée par l’idée que son père puisse soigner les gens par des mots, elle se cache dans un placard pour assister aux séances. Elle découvre le pouvoir extraordinaire des mots, ils vont la motiver, éclairer sa route. Écrire panse ses blessures et apaise la difficulté de vivre le divorce de ses parents qui survient lorsqu’elle a sept ans. Elle sera l’aînée d’une famille recomposée de huit enfants. Aînée et exemplaire : au collège Carnot à Paris, puis au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, sa précocité la rend singulière. À quinze ans, elle écrit un premier roman, l’histoire d’un homme qui tue des chiens la nuit pour calmer ses pulsions meurtrières, et dont elle envoie le manuscrit à des éditeurs parisiens. Jean-Marc Roberts, le premier amour de sa mère, l’encourage à écrire pour le cinéma. L’année suivante,

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