Oh, ces amazones ! by Carter Brown

Oh, ces amazones ! by Carter Brown

Auteur:Carter Brown [Brown, Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1973-01-01T23:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

Dans la cuisine, mon amie Teena me tend une bouteille de cognac fraîchement débouchée. Je retourne dans le salon et, après quelques verres, je sors en empruntant la porte-fenêtre. Le soir tombe et, à l’ouest, derrière le grand mur de briques, au-delà de la ville, le soleil s’apprête à faire sa trempette du soir dans le Pacifique.

Le croissant de la lune luit comme une pièce d’argent rognée par un avare sans scrupules. Là-bas, l’ombre solennelle des arbres peut donner asile à un assassin. Cette pensée me communique un frisson. J’estime qu’il est temps de retourner à ma bouteille de cognac.

— Oh ! Mon Dieu, Randy ! Vite ! Un homme vient de s’enfuir en courant de la maison.

Linda se catapulte en trombe hors de la porte-fenêtre et son élan me fait presque chanceler quand elle se jette dans mes bras.

Je reprends mon équilibre, me dégage et demande :

— Par la porte d’entrée ?

Elle opine.

— Je sortais de ma chambre et je l’ai vu se précipiter en bas de l’escalier. Il n’y avait pas de lumière dans le hall et je n’ai pas pu le voir très distinctement… Mais j’ai compris que ça ne pouvait pas être vous puisque vous portez une veste écossaise et un pantalon vert et que le fuyard était vêtu de sombre.

Je laisse derrière moi son flot de paroles et me précipite vers le portail. En chemin, je mets à mal deux parterres de tulipes et déchire ma veste à un rosier.

À six ou sept mètres de moi, j’aperçois un homme qui essaie de faire jouer le mécanisme commandant l’ouverture de la grille. Manifestement, le système ne lui est pas familier. Il s’y acharne encore quand je lui saute sur le poil.

Il mesure environ un mètre soixante-quinze, soit sept ou huit centimètres de moins que moi et je lui rends une bonne vingtaine de kilos. Son gabarit me rassérène.

— Eh, lâchez-moi ! s’écrie-t-il. Je vous poursuivrai pour voies de fait.

Je reconnais la voix. Je le tiens ferme par le colback et le fais pivoter.

— Vous vous mettez le doigt dans l’œil, Morgan. C’est vous qui êtes poursuivi. Et nous y ajouterons une inculpation de meurtre. Que faisiez-vous dans la propriété ?

— Ça… ça ne vous regarde pas, bredouille-t-il.

Ses joues sont empourprées. Visiblement, il ne se sent pas à l’aise, mais sa mâchoire contractée souligne sa détermination. Ses cheveux sombres et indisciplinés s’agitent sous la brise ; ils me rappellent une anémone de mer cherchant désespérément à se mettre quelque chose sous la dent.

— Si nous retournions à l’intérieur pour voir si nous pouvons trouver une raison à votre présence ici ? je propose en le poussant devant moi.

— Ne me bousculez pas, mon vieux, grogne-t-il, pas conciliant pour deux sous.

Pourtant, je remarque qu’il ne cherche pas à se servir de ses poings. Apparemment, il réserve tous les coups pour sa machine à écrire. Je tire le revolver de ma poche et le lui agite sous le nez.

— Vous avez pénétré dans une propriété privée sans y être invité alors qu’un assassinat venait d’y être commis.



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