Mythes et dieux de la Scandinavie ancienne by Georges Dumézil

Mythes et dieux de la Scandinavie ancienne by Georges Dumézil

Auteur:Georges Dumézil
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard
Publié: 2016-04-14T16:00:00+00:00


Ces « confins de la terre », nous voyons ce qu’ils sont, trois strophes plus loin, quand le poème dit, de cet être initial :

38. Il se développa par les forces de la terre,

par la mer très fraîche, par le sang du sacrifice de porcs ( ?).

Dès 1844, Wilhelm Müller26 a expliqué ces neuf mères de Heimdall, qui l’enfantent au point de rencontre nourricier de la terre et de la mer, par les níó bruðir d’un poème de Snæbiorn (début du XIe siècle) qui sont clairement les vagues de la mer ; et aussi par les « neuf filles d’Ægir », dieu de la mer, dont parle Snorri, citant un autre poème scaldique et qui sont encore certainement les vagues ; et généralement par les meyiar qui représentent les vagues dans plusieurs textes poétiques (Baldrs draumar, 12 ; les devinettes posées à Heidrek). Il faut accepter encore cet étrange énoncé bien que, comme dit Birger Pering [op. cit., p. 187], « le mythe d’un dieu enfanté par neuf jeunes filles marines n’ait laissé aucune trace dans les légendes du Nord27 ».

Telles sont les données à concilier. Quel peut en être le principe d’unité ? Comment accorder cette filiation à partir de neuf sœurs qui sont les vagues avec les appellations et attitudes qui évoquent le bélier ? Comment comprendre que ce dieu-bélier qui, sans doute en tant que vieux bélier, a les « dents d’or », soit aussi dit « le plus blanc des Ases » ? Un bon hasard m’a fait rencontrer récemment un parallèle où ces divers traits se composent aussi, mais d’une manière plus claire, et avec un sens immédiatement perceptible. Autrement qu’à Jean I. Young28, ce sont les pays celtiques qui me fournissent ici un moyen d’explication.

Le folklore gallois, médiéval et moderne, connaît naturellement des génies qui vivent dans la mer ou sur le bord de la mer29. Le grand recueil publié en 1901 par John Rhŷs, Celtic Folklore, Welsh and Manx, en cite de nombreux exemples, mais celui qui va nous servir se trouve ailleurs, dans le petit livre qu’un auteur local, J. Jones, sous l’ambitieux pseudonyme de Myrddin Fardd, a consacré en 1909 au folklore du Caernarvonshire : Llên gwerin sir Gaernarvon. À la page 106, on y lit d’intéressants renseignements relatifs à y Forforwyn, à la Mermaid, qu’on voit de temps en temps, dit-il, sur des rochers, au-dessus de la mer, en train de peigner et d’arranger sa chevelure : « On décrit la Morforwyn comme étant de couleur brun sombre, avec un visage semblable au visage humain, une grande bouche, un nez large, un front haut, des yeux petits, sans menton ni oreilles, les bras courts et sans coudes, et les mains pareilles aux mains humaines, si ce n’est que les doigts sont joints par une espèce de peau mince ; au-dessous de la ceinture, c’est un poisson30… » Bien que cette curieuse espèce, dont le faciès et les membres antérieurs rappellent si curieusement le phoque, contienne théoriquement des mâles et des



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