Mon cousin le fasciste by Philippe Pujol

Mon cousin le fasciste by Philippe Pujol

Auteur:Philippe Pujol [Pujol, Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Seuil
Publié: 2016-02-14T23:00:00+00:00


Un travail de rhétorique d’inversion traverse ce dialogue. L’« État socialiste » pour bien marquer la répression qu’imposeraient les défenseurs d’une prétendue démocratie ; les « allogènes » qui seraient favorisés par rapport aux « patriotes » comme preuve du mystique grand remplacement ; les « rafles » et même le « gaz » dont les nationalistes se considèrent comme victimes autant que d’autres en d’autres temps… L’inversion est totale. Les résistants deviennent les fascistes, face aux collaborationnistes socialistes (Manuel Valls en tête) à la solde du mondialisme judaïque et apatride. Le discours trouve son public. Mes amis d’enfance ont relayé l’événement sur les réseaux sociaux, usant du même vocabulaire et des mêmes slogans. Eux votent Marine Le Pen mais admirent un « patriote » comme Yvan, qui pourtant s’est fait jeter du FN par la même Marine Le Pen. Ils ont donné du fric au CLAN, créé par des proches d’Yvan. Le Comité de liaison et d’aide aux nationalistes est une sorte d’association caritative pour fachos. « Le CLAN est une association créée pour soutenir et aider les militants nationalistes victimes de la répression », indique le site Internet de la structure. En plus des levées de fonds pour financer les frais de justice, des professionnels juridiques « patriotes » se sont constitués en réseau. Et Yvan et les siens y ont souvent recours. Après la révolte des souchiens est venu le temps des explications judiciaires. Yvan portait plainte contre le préfet de la région Rhône-Alpes, Jean-François Carenco, qui lui retournait la politesse. Les procédures ne cessaient plus de tomber.

« Carenco, s’il a été nommé préfet de la région Île-de-France depuis, c’est pour bons et loyaux services dans la lutte contre les nationalistes, contre moi », tonne Yvan. « Carenco ! » Un nom, un seul, comme une claque, comme un uppercut au foie, pour marquer l’ennemi. Il y avait alors « Carenco, Cimamonti et Doutre contre moi ! ». Le préfet, le procureur et le directeur de police. « C’était la “tournante répressive”. Ils ont même souhaité leurs vœux ensemble pour annoncer cette année-là que leur priorité était la lutte contre les nationalistes. » Diffamation, tenue de manifestations non autorisées, maintien d’association dissoute… « À un moment j’avais douze procédures judiciaires en même temps contre moi. Il m’arrivait de ne pas me souvenir d’une convocation. » Souvent l’accusation a eu le dernier mot. Et il s’agit généralement d’un chiffre. Une amende. Hervé Ryssen, écrivain antisémite aux défaites judiciaires nombreuses, se débrouille pour transformer ses condamnations en travaux d’intérêt général. « La dernière fois, raconte Yvan, il a repeint les grilles du château de Versailles. Il a trouvé cela humiliant et refusera désormais les TIG, quitte à aller en taule. Le Système prendra ainsi ses responsabilités avec des prisonniers politiques. »

Mais, contrairement à son ami Ryssen qui considère qu’un procès n’est qu’un lieu hostile où il est inutile de se défendre, et dont la répression décourage les militants, Yvan choisit de mener ces batailles. « Le théâtre judiciaire reste un lieu de combat important, de combat des idées.



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