Meyer Lansky, le cerveau de la mafia by Robert Lacey

Auteur:Robert Lacey [Lacey, Robert]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782358872461
Éditeur: La Manufacture de Livres
Publié: 2018-03-07T21:35:32+00:00

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« Ce nabot, qu’est-ce qu’il aurait pu nous faire ? »

En août 1962, un mois après son soixantième anniversaire, pour la première fois de sa vie, Meyer Lansky se rendit en Israël 403. Après sa crise cardiaque, il avait effectué un tour d’Europe afin de se remettre totalement et le séjour de deux semaines en Israël se révéla particulièrement stimulant.

« Il ne s’intéressait pas du tout au judaïsme quand nous étions petits, se souvient Buddy. Un arbre de Noël, du porc, et pas de Bar Mitzvah. Nous ne savions pas ce que c’était d’être juif. 404 »

En Israël, Meyer sembla découvrir une autre dimension. Il se passionna pour la politique du pays, prit parti contre les Arabes et les mesures américaines favorables à ces derniers. Il se souvenait aussi de son enfance à Grodno et de son affection pour son grand-père Benjamin.

« Il n’en avait jamais parlé avant », dit Buddy.

En fait, son engagement remontait à l’époque où il avait aidé la Haganah, sur les quais de Floride et du New Jersey, à la fin des années quarante. Dix ans plus tôt, il avait monté une équipe de gros bras pour semer le trouble dans un meeting de nazis germano-américains. Mais, au début des années soixante, son « judaïsme » prit une nouvelle forme.

Il avait fêté son anniversaire malade, à demi immobilisé ; les médecins tentaient d’éviter que tous ses organes ne défaillent les uns après les autres. Rien de surprenant, dans ces conditions, à ce qu’il se soit tourné vers ses racines et interrogé sur sa place dans l’éternité. Lansky se trouvait alors à un tournant particulièrement critique. La fermeture des maisons de jeux à Cuba, qui avait pris tant de gens par surprise, avait anéanti une grande partie de sa richesse personnelle. De plus, cela avait mis fin à ses plus grands espoirs : diriger un casino de première classe.

Les problèmes d’argent n’étaient pas les pires, Meyer disposait encore de plusieurs moyens de rétablir sa fortune. Mais il était profondément déstabilisé et c’est pourquoi il se tourna vers la tradition juive. Sur une suggestion de son ami de Boston, Joe Linsey, il versa un don au centre sportif que celui-ci faisait construire à l’université de Brandeis, en Nouvelle-Angleterre 405, créée à l’époque où les autres universités imposaient des quotas sur les étudiants juifs.

Meyer tenait à se rendre personnellement à la synagogue d’Hollywood durant les grandes fêtes juives pour y faire ses dons, bien que l’un des collecteurs de fonds, inquiet pour sa santé, tentât de l’en dissuader. « Merci, lui répondit Meyer, mais j’aime bien me sentir intégré à la communauté. 406 »

Lors de la guerre des Six Jours, Meyer téléphona aussitôt à son rabbin pour lui faire part de son soutien. Pourtant, il n’était pas, et de loin, le plus généreux des donateurs. Les sommes versées au Fonds d’urgence pour Israël furent à peu près équivalentes à ses donations à l’université Brandeis : moins de mille cinq cents dollars 407. Mais Meyer incitait ses amis à participer à l’effort.

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