Mary Hades - 02 by Sarah Dalton

Auteur:Sarah Dalton [Dalton, Sarah]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Babelcube Inc.
Publié: 2016-03-06T23:00:00+00:00

Chapitre Treize

— Alors tu vois des fantômes ? dit-il.

— Est-ce que tu l'as tuée ? lâché-je.

— Qui ? me demande-t-il en me regardant comme si j'étais folle.

— À ton avis ? Amy, le fantôme de douze ans qui a failli m'étrangler !

Neil se tient derrière moi, les bras croisés ; je sens son regard attentif dans mon dos.

— Mais qu'est-ce que... Non ! Quoi ? Comment peux-tu...

Il secoue la tête, incrédule, puis baisse la voix jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un murmure rauque.

— J'avais quinze ans quand Amy Willis a disparu. Elle allait au même collège que moi. Elle jouait souvent avec mes petits cousins. Je ne l'ai pas tuée, affirme-t-il avant d'avaler sa salive.

— Alors explique moi pourquoi Amy s'est retournée contre toi. Explique-moi comment tu la connaissais, comment tu as su qu'elle venait pour toi. Explique-moi tout ça, si ce n'est pas toi qui l'as tuée.

— Vas-y, Mary, m'encourage Lacey en appuyant son épaule contre la mienne, envoyant un courant électrique dans tout mon corps.

Il ferme les yeux, inspire profondément.

— C'est difficile... C'est... Ce n'est pas un souvenir que j'ai envie de revivre, dit-il en se passant les mains dans les cheveux, tirant sur les pointes.

Je réalise qu'il tremble.

— Il le faut, dis-je, ou je vais devoir t'arrêter moi-même.

Lorsqu'il reprend enfin la parole, sa voix ressemble à un murmure à l'agonie, un croassement brisé.

— Je l'ai vu. Je l'ai vu le faire, et je ne l'ai pas arrêté...

Je n'ai presque plus conscience de la présence de Neil derrière moi. L'air semble s'épaissir, se faire plus sombre, comme s'il se solidifiait. Les yeux de Seth sont presque fermés, ses mains crispées sur le bord du banc. Tout son corps est raidi de peur et de frustration. Il est plus pâle que d'habitude ; on dirait qu'il a du mal à respirer.

— Quoi ? murmuré-je.

— J'étais là, répète-t-il, avant d'entrouvrir les yeux pour chercher mon regard. Mais je ne l'ai pas tuée.

— Pourquoi est-ce que tu n'es pas allé voir la police ?

— Parce que...

Ses ongles s'enfoncent dans le bois, et il se balance d'avant en arrière, les yeux fixés sur ses chaussures ; puis il prend une profonde inspiration et relève les yeux vers moi ; ses pupilles noisette trouvent à nouveau les miennes.

— Parce que je ressemble beaucoup à mon père.

— Hein ? fait Lacey. C'est quoi le rapport ?

— Il est taré, ajoute Neil. On devrait pas rester là.

— Non, réponds-je. Non... Tu veux dire... C'était ton père ?

Les yeux de Seth se voilent de larmes avant qu'il ne cligne des paupières pour les chasser.

— Je l'ai vu, quand il l'a attaquée, dit-il avant de serrer les dents et de se détourner. Je lui ressemble. C'est moi qu'Amy vient chercher.

— Pourquoi est-ce qu'elle ne t'a pas déjà tué ? Elle en a tué tellement d'autres...

— Je... Je pense qu'elle attend.

— Elle attend quoi ?

— Écoute, ça va te paraître dingue...

— Tout me paraît plutôt dingue, là tout de suite, rétorqué-je.

— Il y a quelques années, alors que je venais de finir le lycée, j'ai commencé à travailler à une fête foraine à Thirsk.

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