Mandragore by Hanns Heinz Ewers

Mandragore by Hanns Heinz Ewers

Auteur:Hanns Heinz Ewers [Ewers, Hanns Heinz]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
ISBN: 9782267005837
Google: LdYnPwAACAAJ
Éditeur: C. Bourgois
Publié: 1988-02-14T23:00:00+00:00


CHAPITRE IX

qui parle des amoureux de Mandragore, et de ce qu’il leur arriva.

Karl Mohnen, Hans Geroldingen, Wolf Gontram, Jacob ten Brinken et Raspe, le chauffeur, furent les cinq hommes qui aimèrent Mandragore ten Brinken.

Il est question d’eux tous dans le livre rouge du conseiller intime, et d’eux tous nous devons parler dans cette histoire de Mandragore.

Raspe, Matthieu-Marie Raspe, vint avec l’Opel qu’offrit la princesse Wolkonski à Mandragore pour son dix-septième anniversaire. Ayant servi dans les hussards, il aidait le vieux cocher pour les chevaux. Il était marié et avait deux jeunes enfants. Lisbeth, sa femme, était chargée de la buanderie de la maison ten Brinken. Ils habitaient le petit pavillon qui se trouvait à côté de la bibliothèque, tout près de la grande porte d’entrée de la cour.

Matthieu était blond, grand et fort. Il connaissait son travail, tant par l’esprit que par le corps, et les chevaux, comme la voiture, obéissaient à ses muscles. Tôt le matin, il sellait la jument irlandaise de sa maîtresse, se tenait dans la cour et attendait.

Lentement la demoiselle descendait les marches de pierres de la maison. Elle venait en jeune cavalier, avec l’habit gris et les bottes de cuir jaune, la petite toque sur ses courtes mèches. Elle ne se servait pas des étriers, prenait appui sur les mains jointes de Raspe, montait, et restait ainsi, une courte seconde, avant de retomber sur la selle d’homme. Ensuite, elle frappait la jument de sa dure cravache pour qu’elle s’élance et passait au galop la porte ouverte. Matthieu-Marie avait toutes les peines du monde à monter le lourd alezan et à la rattraper.

La brune Lisbeth fermait le portail derrière eux. Elle serrait les lèvres et suivait des yeux son mari qu’elle aimait et Mlle ten Brinken qu’elle haïssait.

La demoiselle faisait halte n’importe où dans les prés, se retournait et le laissait arriver.

« Où allons-nous aujourd’hui, Matthieu-Marie ? » demandait-elle.

Et il répondait : « Où mademoiselle l’ordonnera. » Alors elle frappait la jument à nouveau et galopait plus loin. « Hop, Nellie ! » criait-elle.

Raspe, comme sa femme, détestait ces promenades à cheval du matin. La demoiselle allait seule, et lui n’était que de l’air, qu’un morceau accessoire du paysage. Il n’existait pas du tout pour sa maîtresse. Mais, quand elle s’occupait de lui à courts moments, cet instant lui était encore plus désagréable. Car il était certain qu’elle exigerait de lui quelque bizarrerie.

Elle s’arrêtait au bord du Rhin, attendait tranquillement qu’il arrive à côté d’elle. Il venait assez lentement, devinant qu’elle aurait un nouveau caprice, et espérant ainsi lui donner le temps de l’oublier. Mais elle n’oubliait jamais un caprice.

« Matthieu-Marie, disait-elle, allons-nous traverser à la nage ? »

Il faisait des objections, tout en sachant par avance qu’elles ne serviraient à rien. La rive en face était trop abrupte, disait-il, on ne pourrait grimper, ou le courant du fleuve était justement ici trop rapide et…

Il s’irritait. Tout ce que sa maîtresse faisait n’avait aucun sens. Pourquoi donc traverser à cheval le Rhin ? On serait mouillé et gelé, content encore si on en revenait avec un simple rhume.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.